Localisation des principales positions défensives
(forteresses, ouvrages importants, barrages)
citées dans le texte.
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- Sasso da Pigna
- San Carlo
- Airolo
- Motto Bartola
- Stuei
- Foppa Grande
- Batterie Bison
- Grandinagia
- San Giacomo
Les cols de la Furka et du Grimsel
Les photos s'agrandissent au clic
Le dispositif du St-Gothard est nettement plus complexe encore puisqu'il concerne non seulement le col lui-même mais aussi ses divers accès par le nord, l'ouest, l'est et le sud. Son périmètre est en conséquence infiniment plus étendu que celui des deux autres piliers. Dans les années 1940 un total d'une vingtaine de forts et de batteries d'artillerie, anciens et modernes, couvrait tout ce secteur de haute montagne jusqu'à la frontière avec l'Italie. Les plus anciens ont été mis hors service entre 1947 et 1951 mais tous les autres sont restés opérationnels jusqu'à la fin de la Guerre froide.
C'est le plus grand des deux ouvrages d'artillerie du col. Incrusté dans les falaises qui dominent le col côté est, le fort A8385 Sasso da Pigna a été réalisé de 1941 à 1943 et possédait initialement quatre pièces de 10,5 cm en casemates, remplacées en 1944 par quatre 15 cm 42 L42 en deux batteries, Est et Ouest. Ses galeries s'étendent sur quelque 2400 mètres et la différence de niveau entre les arrières et les casemates a conduit à installer un plan incliné avec cabine à câble sur rails (longueur 180 m, dénivelée 80 m). Un 2e petit funiculaire intérieur reliait les deux batteries (longueur 58 m, dénivelée 26 m). L'équipage atteignait 450 hommes.
L'ouvrage est resté opérationnel jusqu'en 1999 et a été déclassé en 2001. Entre 2002 et 2012 les arrières ont été transformés pour abriter des expositions sur des thèmes aussi variés que l'eau, le climat, l'énergie, le milieu alpin, l'histoire, avant d'être ouverts au public sous l'enseigne de Sasso San Gottardo. La partie fortification a heureusement été préservée et peut être également visitée. Deux canons de
15 cm demeurent visibles dans les avants #1www.sasso-sangottardo.ch
L'entrée principale de l'ouvrage au-dessus de laquelle un camouflage dissimule une prise d'air. Le fort dispose encore d'une entrée secondaire et de deux issues de secours.
La salle des machines et ses deux moteurs tricylindres actuels numérotés 2 et 3, le n° 1 ayant été démonté.
Les avants et leurs batteries d'artillerie étant à un niveau nettement plus élevé que les arrières, un petit funiculaire intérieur a été installé entre ces deux étages (standseilbahnen.ch).
Vue d'ensemble du massif et de la batterie Ouest. De droite à gauche : les deux embrasures de 15 cm et, au centre gauche, l'observatoire et organe de flanquement de la batterie Ouest. La batterie Est n'est pas visible sur cette photo (Ralf Maurer).
Plan rapproché sur les deux embrasures de la batterie Ouest entre lesquelles s'ouvre aussi une issue de secours et galerie d'échappement d'un magasin à munitions (Ralf Maurer).
L'embrasure n° 2 de la batterie Ouest avec son canon de 15 cm (photo du Centre des médias électroniques de l'armée ZEM, doc. APSF).
Gros plan sur la même embrasure.
À son poste dans sa chambre de tir, l'un des quatre canons de 15 cm 1942 L42 des batteries Ouest et Est dont la portée atteignait 24 kilomètres.
Haut perché dans les rochers, le poste d'observation et organe de flanquement de la batterie Ouest.
Peu visibles, les deux embrasures de 15 cm de la batterie Est.
L'observatoire et organe de flanquement de la batterie Est (Chr. Hurni).
Un paysage grandiose se déploie depuis les embrasures du fort en direction du versant tessinois. Au premier plan, une petite butte et son camouflage abritent une casemate de flanquement de l'ouvrage.
Un peu plus loin, on devine des emplacements de DCA. Enfin, au centre de la photo, sur la crête au-dessus de la petite route en corniche, on distingue deux ouvrages d'infanterie du 19e siècle dans le secteur de Fieudo.
Gros plan sur l'ouvrage d'infanterie de Fieudo supérieur, tout en granit (RAOnline).
Le second ouvrage d'artillerie du col, A8390 San Carlo, s'étend côté ouest du col, au pied du barrage de Lucendro. Construit de 1938 à 1942, complété en 1946, il ne possède que deux tourelles de 10,5 cm mais toute l'infrastructure souterraine habituelle ainsi qu'une série de fortins extérieurs de défense rapprochée. Sous le nom de La Claustra son casernement est aujourd'hui transformé en un hôtel 4 étoiles (?) un peu spécial mais les autres secteurs et en particulier la salle des machines et les tourelles sont toujours visitables.
Le parement de l'entrée en granit qui fait penser à celle d'un fort du 19e siècle en camoufle les bétonnages.
L'une des deux tourelles de 10,5 cm, seul armement d'artillerie de l'ouvrage mais pouvant agir sur 360° et avec une portée de 15 à 21 kilomètres. Au second plan, l'un des organes de défense rapprochée des dessus du fort.
La 2e tourelle de 10,5 cm. Au second plan,le barrage du lac de Lucendro.
L'une des deux galeries en plan incliné d'accès aux tourelles de 10,5 cm avec sa noria à munitions sur le côté. Des rails dans l'escalier permettent le remplacement éventuel de pièces lourdes de la tourelle telles que le tube d'artillerie.
La salle des machines et ses deux groupes à moteurs quatre cylindres.
Le casernement d'origine a fait place à l'hôtel 4* La Claustra.
Enfin, rappelons qu'il existe encore dans les parages du col, un 3e (petit) ouvrage abritant sous coupoles blindées deux mortiers de 8,1 cm. Désigné A8389, il date des années 1960 et s'étend à environ 400 mètres à l'ouest de l'entrée du Sasso da Pigna. Il possède deux étages, un petit cantonnement avec cuisine, local technique et ventilation-filtrage. Les mortiers ont été déposés mais le reste demeure intact.
Airolo est la localité tessinoise sise au pied du St-Gothard et à la sortie du tunnel ferroviaire de 1882. Pour contrer toute attaque venant du sud ou de l'ouest un grand fort a été construit à proximité de 1887 à 1890 puis complété jusqu'en 1895, le fort A8310 Airolo ou de Fondo del Bosco. Entièrement réalisé en blocs de granit, entouré d'un fossé continu battu par trois caponnières, il possédait un armement puissant constitué de deux 12 cm 1882 sous tourelle, cinq 8,4 cm 1880 en casemates et quatre tourelles éclipsables de 5,3 cm 1887. En outre, deux mortiers-boules de 12 cm 1888 couvraient les approches et le portail du tunnel. Ces mortiers ont été remplacés en 1902 par une tourelle d'obusier de 12 cm 1891. Quand aux caponnières du fossé, 12 pièces en bronze de 8,4 cm 1871 les armaient. Trois cloches observatoires émergeaient de la toiture. Enfin, sa défense extérieure périphérique comportait un grand nombre d'organes parmi lesquels deux obusiers cuirassés, des canons de 5,3 et 8,4 cm, des fortins d'infanterie et au moins quatre tourelles mobiles de 5,3 cm extérieures qui en défendaient également les approches.
Le fort d'Airolo interdisait l'accès au col et au tunnel en couvrant le Val Bedretto à l'ouest et la vallée de la Leventina à l'est. Il est resté opérationnel jusqu'en 1947 puis son armement a été ferraillé, l'ouvrage ne servant plus que d'école jusqu'en 1953. En 1989 l'ouvrage est converti en musée et superbement restauré en 2001.
Carte postale des alentours de 1900 montrant le fort-masse d'Airolo (ou de Fondo del Bosco). On reconnaît les deux tourelles de 12 cm en toiture, les deux embrasures des casemates de 8,4 cm ouest, ainsi que deux des trois caponnières du fossé. En revanche trois des quatre tourelles de 5,3 cm sont relativement peu apparentes. Au fond, la localité d'Airolo et la vallée de la Leventina vers Bellinzona et l'Italie.
Superbe pièce restaurée de 8,4 cm 1880 dans l'une des cinq casemates de ce calibre.
La façade ouest du fort dans le parement duquel s'ouvrent les deux casemates de 8,4 cm ouest. On aperçoit aussi sur la toiture l'une des tourelles éclipsables de 5,3 cm. Au premier plan, le fossé défensif.
Les approches du fort étaient défendues par plusieurs petites tourelles mobiles Gruson-Schumann de 5,3 cm 1892, chacune pourvue d'un abri pour la pièce.
Entre 1886 et 1960 un ensemble de galeries a été percé et maçonné entre le fort et le tunnel d'une part, le fort et, à l'arrière de celui-ci, la caserne protégée de Foppa d'autre part. Ces galeries reliaient les défenses extérieures et du fort et de la caserne. Le tunnel ferroviaire était évidemment pourvu de défenses – dont un blockhaus à son débouché – et de dispositifs de mines.
De 1888 à 1890 est construit sur les hauteurs d'Airolo le fort de Motto Bartola avec une batterie de 4 x 12 cm et deux batteries de 4 x
8,4 cm. Complété en 1901, il sera lui aussi relié au fort d'Airolo par une interminable galerie plongeante sur laquelle se greffent à divers niveaux plusieurs ensembles d'organisations défensives de différentes époques telles que galeries de fusillade, postes de mitrailleuses, batteries de canons 7,5 cm et 8,4 cm, mortier de 8,1 cm, casernement, salle des machines équipée, issues de secours, etc. La longueur totale de cet ensemble de galeries (Motta Bartola / Foppa / fort d'Airolo / tunnel) est probablement supérieure à 3 kilomètres.
Le "clou" du secteur est l'extraordinaire système de galeries qui relie le fort de Motto Bartola (alt. 1527 m) à celui d'Airolo (alt. 1295 m) et au portail sud du tunnel ferroviaire (alt. 1140 m), soit un développement supérieur à 3 kilomètres. C'est d'abord un interminable escalier qui plonge sur des centaines de mètres en suivant la pente.
Dans sa moitié inférieure la galerie principale se ramifie en plusieurs départs latéraux donnant accès à de multiples installations et organes défensifs : salle des machines, poste de mortier de 8,1 cm sous coupole blindée, batteries d'artillerie casematées, créneaux de fusillade et de mitrailleuses, postes d'observation, casernements, issues de secours, etc. Si certaines de ces réalisations remontent à la fin du 19e siècle d'autres sont issues des années 1940 et de la Guerre froide.
Tout au bas du système s'étend une dernière branche – en fait la première en date – reliant sur 1200 mètres le fort d'Airolo à la sortie du tunnel ferroviaire.
À 1000 mètres à l'est du fort de Motto Bartola, en flanquement de celui-ci et du fort d'Airolo a été construit de 1892 à 1894 la galerie A8350 du Stuei, une simple casemate double pour deux canons de 8,4 cm. En 1910 elle s'agrandit d'un poste pour projecteur, d'un magasin à munitions et d'un local avec moteur. L'ouvrage s'agrandit encore dans les années 1950 vers l'est avec une 2e casemate armée de deux canons de 7,5 cm et un 2e magasin à munitions, les 8,4 cm étant également remplacés par des 7,5 cm. La galerie du Stuei devient alors un véritable ouvrage d'artillerie. Sa période d'activité s'arrêtera en 1977.
La construction d'un ouvrage moderne sur les hauteurs d'Airolo s'est également imposée dans les années 1935-1940 d'où la réalisation à proximité du fort de Motta Bartola de l'ouvrage A8370 Foppa Grande entre 1939 et 1942. C'était initialement un très petit ouvrage d'artillerie puisqu'il n'avait qu'une tourelle de 10,5 cm 1939 L52 et quelques petits locaux de service. De 1951 à 1955 il s'agrandit considérablement d'une 2e entrée, d'un cantonnement plus grand et surtout d'un étage inférieur desservant un lance-mines de 12 cm Fest MW 1959 bitube installé en 1961. Les deux étages sont reliés par un ascenseur et un 2e ascenseur relie la galerie inférieure au lance-mines. L'ouvrage est resté en activité jusqu'en 1997 puis a été déclassé. Il est toujours en parfait état et peut être parfois visité.
Ces deux modestes et anonymes constructions sont en fait les deux entrées de l'ouvrage de Foppa Grande. Peut-on faire mieux en matière de camouflage ? (Wikipedia).
Dans la salle des machines les deux groupes à moteurs Oerlikon de 60 kVA.
L'importance du central téléphonique donne une idée du nombre de correspondants intérieurs et extérieurs avec lesquels il était en relation.
Le local principal des cuisines.
Au pied du plan incliné d'accès à la tourelle de 10,5 cm, le mécanisme de la noria à munitions.
La galerie en plan incliné vers la tourelle de 10,5 cm et sa noria à munitions.
L'unique tourelle de 10,5 cm du fort et son camouflage en faux rocher. Au second plan sur la droite, l'ancien fort de Motto Bartola et, dans le fond du paysage, la vallée de la Leventina vers Bellinzona et l'Italie. Sur la gauche, la route vers le col du St-Gothard.
La même tourelle, tube sans camouflage (Wikipedia).
Enfin, dans les années 1990 a été installée, à deux pas de l'ouvrage de Foppa Grande, une batterie à deux monoblocs pour canons de
15,5 cm FK 93 Bison, l'une des quatre batteries réalisées dans le pays.
Deux vues de l'un des deux monoblocs de la batterie de 15,5 cm FK 93 Bison de Motto Bartola. Sur la photo 1 du début des années 2000 (JJ. Moulins) les canons sont toujours à leur poste, tubes abrités dans leur logement, tandis que sur la photo 2, prise en 2011, les canons ont été retirés.
Construit de 1936 à 1938 à 12 km au sud-ouest d'Airolo sur le flanc sud du Val Bedretto, un dernier ouvrage d'artillerie existe encore dans ces parages, le fort A8444 Grandinagia. Etabli sur une crête abrupte à quelque 2200 mètres d'altitude, il avait pour mission de battre le col de San Giacomo, à moins de 3 km de là vers le sud-ouest, où passe la frontière et où les Italiens avaient construit une route jusqu'au col en 1927. C'est typiquement un ouvrage de haute montagne, entièrement souterrain et ravitaillé par téléphérique depuis le Val Bedretto. Il possède une entrée, deux issues de secours, deux casemates pour 7,5 cm et quatre autres pour mitrailleuses Mg 11, un observatoire et des installations de service. Les photos montrent parfaitement l'impressionnante incrustation des différents organes de l'ouvrage dans l'abrupt versant ouest de l'arête.
La crête du Grandinagia aux alentours de la cote 2200 sur laquelle s'étagent les différents organes de l'ouvrage du même nom, tournés vers le col de San Giacomo. Du bas vers le haut : deux casemates 7,5 cm, observatoire, quatre casemates de mitrailleuse (Paebi – Wikipedia).
Trois vues, sous différents angles, de l'entrée de l'ouvrage. Du temps du service, cette entrée était précédée de plusieurs baraquements en tôle ondulée (forti.ch).
La casemate de 7,5 cm 3b et, au centre, l'observatoire (AALMA).
Vue rapprochée au téléobjectif de l'observatoire (AALMA).
L'embrasure de la casemate de 7,5 cm 3a (AALMA).
L'embrasure de la casemate de 7,5 cm 3b (AALMA).
Haut perchées, les quatre casemates de mitrailleuse (AALMA).
La station supérieure du téléphérique militaire de ravitaillement du Val Bedretto à l'ouvrage de Grandinagia et sa benne, aujourd'hui désaffectés (AALMA).
La station de départ du téléphérique Grandinagia/San Giacomo. En contrebas, un fortin de mitrailleuse en défend les approches (AALMA).
À moins d'un kilomètre au nord-est du col de San Giacomo, en réponse à la construction par les Italiens d'une route sur le versant sud du col, un petit ouvrage d'infanterie, A8442 San Giacomo, a été érigé de 1926 à 1937. Il possède un blockhaus d'entrée et de logement relié par galeries à trois casemates de mitrailleuse. Avec les deux affûts du blockhaus il possède donc en tout 5 mitrailleuses. Les installations de service comprennent un local technique avec moteur et ventilation filtrée et une cuisine. Il est aussi équipé d'une double issue de secours. Un second téléphérique de ravitaillement reliait la station supérieure de celui de Grandinagia au petit ouvrage d'infanterie de San Giacomo. Il est aujourd'hui désaffecté.
Au 1er plan, vue d'ensemble du petit ouvrage de San Giacomo et de ses trois casemates de mitrailleuse. Au second plan, l'arête du Grandinagia dans laquelle apparaît une partie des casemates de l'ouvrage (AALMA ).
Sur le flanc nord de la butte se dressent la station d'arrivée du téléphérique de ravitaillement et le blockhaus d'entrée de l'ouvrage, surmonté d'un faux chalet de camouflage. Ces deux édifices sont reliés par un passage protégé des intempéries. On est ici à la cote 2250 (AALMA).
La station d'arrivée du téléphérique, aujourd'hui désaffecté (forti.ch).
Surmonté d'un faux chalet de camouflage, le blockhaus d'entrée avec, au 1er plan, ses deux créneaux de mitrailleuse Mg4 et Mg5 (AALMA).
L'une des trois casemates de mitrailleuse (forti.ch).
Sous cette désignation est réuni l'ensemble des défenses des accès par le nord au passage du St-Gothard entourant la localité d'Andermatt, à savoir les quatre anciens forts de Bühl, Bäzberg, Stöckli et Galenhütten et les trois ouvrages modernes de Gütsch, Fuchsegg et Grimsel, ainsi que des batteries isolées.
Installé à 1850 mètres sur un plateau étroit et incliné au-dessus d'Andermatt, au coeur de massifs de 3000 mètres et plus, A8860 Bäzberg (ou Baezberg) est un fort des années 1890 dont la conception est passée par une succession de projets et d'améliorations avant d'aboutir à la version définitive. Les travaux ont débuté en 1889 par ceux d'une vertigineuse route en lacets de 4 km. Commencé en 1890 le fort lui-même était achevé et opérationnel en 1892. D'un fort initialement à quatre casemates doubles il était devenu un ouvrage à tourelles : trois de 12 cm (tournantes), quatre de 5,3 cm (éclipsables), deux tourelles observatoires (tournantes). Il était cependant pourvu d'une batterie annexe à 3 x 8,4 cm et de deux autres batteries aux alentours, à 3 km au sud-ouest, Fleuggern et Rossmettlen, chacune à 4 x 12 cm.
Dans les années 1940 le fort reçoit un téléphérique allant du bas de la route en lacets au sommet du site. En 1944 démantèlement des tourelles de 5,3 cm et observatoires, et installation de six plates-formes de DCA. En 1951 les canons de 12 cm sous tourelle sont désarmés et leurs emplacements convertis en observatoires. Fin 1955 est achevé et relié à l'ancien fort l'ouvrage A8660 pour deux lance-mines de 12 cm d'un premier modèle, abandonné depuis. A8660 est donc un ouvrage moderne où il reste une salle des machines à deux groupes, des cuisines et un central téléphonique, ainsi que (probablement) les deux bitubes de 12 cm. Les deux ouvrages ont été mis hors service fin 1994.
En dernier lieu, de 1982 à 1984, est construit au nord-ouest de ces ouvrages un cantonnement de montagne protégé, A8663, pouvant accueillir jusqu'à 176 hommes. Il possède toute l'infrastructure moderne telle que salle des machines, cuisines, chambres de repos, sanitaires, etc. Il a été mis hors service en 2003.
Vu au téléobjectif depuis la crête du Gütsch, le fort du Bäzberg apparaît en entier ou presque. On voit bien la route d'accès en lacets qui grimpe depuis la gorge des Schöllenen.
- a l'entrée principale initiale du fort avec, en contrebas, la caserne du temps de paix.
- b le plateau sur lequel émergent les tourelles.
- c la batterie de 3 x 8,4 cm.
- d la station supérieure du téléphérique et la caserne nord.
Dans le haut de la photo, la route grimpe vers les batteries de Fleuggern et Rossmettlen.
Les toitures des tourelles de 12 cm ne sont là que pour en marquer les emplacements, convertis en observatoires, les canons ayant disparu depuis longtemps. Les petites coupoles de part et d'autre de ces toitures ont été ajoutées après le désarmement des tourelles de 12 cm afin de permettre l'accès aux postes d'observation.
Vue d'ensemble du flanc est du fort avec sa route d'accès. Il a été l'un des premiers grands ouvrages fortifiés en Europe a être construit entièrement creusé en souterrain (AALMA).
La caserne temps de paix a été érigée à l'avant de l'entrée du fort (invisible ici). Au-dessus du bâtiment apparaît l'extrémité du fossé nord avec sa caponnière de défense (AALMA).
La batterie annexe de 8,4 cm avec ses trois emplacements, un poste d'observation blindé et une guérite de guet (AALMA).
L'un des deux emplacements de lance-mines de 120 mm des années 1954-55 (AALMA).
La salle des machines de l'ouvrage A8660 de 1954-55 (AALMA).
Une partie des cuisines (AALMA).
Le central téléphonique, années 50-60 (AALMA).
L'une des six plates-formes de DCA établies durant la guerre 1939-1945 (AALMA).
Vu sous cet angle, le fort de Bäzberg est dominé par le Gütsch (alt. 2300 m) – en haut à gauche – et plus haut encore par le Stöckli.
En contrebas du fort de Bäzberg et au niveau de la gorge des Schöllenen – où passe la route du col du St-Gothard – a été installé de 1888 à 1892 le fort A8675 de Bühl. C'est un ouvrage entièrement taillé dans le rocher et donc souterrain. Il comportait jusqu'en 1951 deux tourelles de 12 cm 1882, deux mortiers-boules de 12 cm 1888 en casemates, remplacés en 1904 par deux obusiers de 12 cm 1891, ainsi que trois tourelles de 5,3 cm 1887, deux tourelles observatoires et deux canons en bronze de 8,4 cm en caponnière. Dans les années 1940 un ouvrage d'infanterie a été installé dans le rocher en contrebas du fort. Il semble que depuis 1951, après son désarmement, l'ouvrage ne servait plus que de dépôt et de cantonnement. Il reste peu à voir sur les dessus du fort : une coupole de 12 cm et une guérite observatoire.
Face à lui, dans le flanc oriental de la vallée, demeure aussi la galerie de flanquement A8665 Altkirch, un ouvrage d'infanterie d'abord, complété et modernisé dans les années 1940 (2 canons de 7,5 cm, 2 mitrailleuses). Une curiosité – que l'on peut parcourir – existe aussi rive gauche : percée dans le rocher, la galerie Teufelswand permettait de franchir la gorge même si les ponts sur la Reuss étaient détruits.
Vue d'ensemble du rocher de Bühl dans lequel se développe le fort et sur lequel émergent les tourelles. Sur la droite, le casernement du temps de guerre (Paebi - Wikipedia).
L'ouvrage dit galerie de flanquement d'Altkirch fait face au fort de Bühl. On en voit ici l'entrée et les embrasures d'origine (en bas), et l'étage ajouté dans les années 1940 (en haut à gauche) (Chr. Hurni).
L'étage d'artillerie (2 x 7,5 cm) de la galerie de flanquement d'Altkirch ajouté dans les années 1940.
Poste d'observation perché dans les falaises proches du fort de Bühl (Ralf Maurer).
C'est le troisième des forts de la période 1890-1900. Perché sur une crête à 2460 mètres d'altitude, il a été construit de 1893 à 1898 et avait pour mission la défense de l'axe est-ouest par le col de l'Oberalp ainsi que la défense de sa propre route d'accès. Il pouvait aussi couvrir certains ouvrages voisins. Son armement était de deux obusiers de 12 cm 1891 sous tourelles et de deux tourelles mobiles de
5,3 cm (ou Fahrpanzer Gruson-Schumann 1887). En 1898 il reçoit une cloche observatoire cuirassée et une casemate observatoire, et en 1915 à 250 mètres à l'avant et au nord du fort, une galerie de fusillade couverte de 200 mètres qui existe toujours. Activé pendant la Seconde Guerre mondiale, il a été déclassé en 1947. Le site est libre d'accès.
Le fort vu du sud (Wikipedia).
Caponnière et créneaux de fusillade à l'entrée du fort.
Deux vues du casernement de guerre.
La cloche observatoire cuirassée installée en 1898 est tournée vers le passage par le col de l'Oberalp.
L'un des deux emplacements pour tourelle mobile de 5,3 cm. Au second plan, le mur avant de 50 mètres.
Vue d'une partie de la galerie de fusillade longue de 200 mètres, construite en 1915 en défense du glacis nord du fort.
Deux aspects intérieurs de la galerie de fusillade.
L'extrémité nord de la galerie de fusillade (JM Birsinger – AALMA).
Les constructeurs ont laissé leur trace dans la galerie.
Un replat en contrebas du fort du Stöckli à la cote 2300 m avait déjà été l'emplacement d'une batterie d'artillerie vers 1914-1918. Mais c'est surtout dans les années 1940 que, en remplacement des anciens forts devenus obsolètes, a été décidé l'établissement dans les mêmes parages d'un ouvrage d'artillerie moderne, A8685 Gütsch. Commencé en 1941 il était opérationnel en 1942 mais les travaux se sont poursuivis jusqu'en 1944. Son armement est constitué de trois tourelles de 10,5 cm, cinq Mg 11 en trois fortins de défense rapprochée et de la DCA. Un téléphérique de 1200 mètres de dénivelée depuis Göschenen (à l'entrée N du tunnel ferroviaire du St-Gothard) assurait le ravitaillement en toutes saisons. Avec un équipage de 300 hommes, l'ouvrage est resté en activité jusqu'en 1994. Une batterie de canons de 15,5 cm 93 Bison lui a alors succédé. Aujourd'hui les dessus peuvent être parcourus librement.
Ce qu'il reste d'une batterie d'artillerie d'avant 1914.
Vue sous trois angles différents, avec et sans camouflage du tube, la tourelle de 10,5 cm n° 1.
Les dessus de l'ouvrage étaient couverts par trois fortins d'infanterie chacun dissimulé sous un énorme camouflage de faux rochers. Ici les fortins 1 et 2.
Les tours d'échappement des fumées de la salle des machines et de l'air vicié. Au second plan le fortin d'infanterie n° 3.
Au 1er plan le fortin d'infanterie 3 et, sur la hauteur, le fort du Stöckli.
L'une des deux casemates doubles de la batterie Bison de 15,5 cm qui a remplacé l'ouvrage des années 1940.
La casemate de gauche. En 2011 les canons étaient toujours à leur poste.
Gros plan sur l'embrasure de gauche, ses multiples plaques de blindage, les chaînes d'éclatement et le tube de 15,5 cm à l'abri dans son logement.
Sur cette vue d'ensemble du monobloc, le personnage permet de juger des dimensions imposantes de ces ouvrages.
Déjà couvert par les ouvrages du Stöckli puis de Gütsch, le passage par le col de l'Oberalp, entre la haute vallée du Rhin et Andermatt, n'a reçu comme principale défense que le barrage de Russein, à 3 km au nord-est de la localité de Disentis-Must ér, constitué en 1939-1945 d'une ligne d'obstacles battue par six petits ouvrages et fortins d'infanterie. Tardivement, en 1967, leur ont été adjoint le petit ouvrage A8717 Stalusa avec ses deux seuls mortiers de 8,1 cm sous coupole blindée et un équipage de 25 hommes. Il est régulièrement ouvert aux visiteurs #2www.stalusa.ch.
L'entrée de l'ouvrage. Remarquer la date de construction – 1967 – en pleine Guerre froide !
La galerie principale sur laquelle s'ouvrent les accès aux différents locaux : magasins, local technique, cantonnement, chambres de tir des deux mortiers.
Le local technique avec son groupe électrogène et la ventilation filtrée.
Au fond du cantonnement, une chambre de repos pour 18 hommes.
L'un des deux mortiers (ou lance-mines) de 8,1 cm, à l'intérieur et vu de l'extérieur.
Camouflé en chalet, l'un des fortins de défense du barrage antichar local.
À une vingtaine de kilomètres à l'ouest d'Andermatt, les cols du Grimsel et de la Furka commandaient un autre accès, par l'ouest, au secteur du St-Gothard. Le premier permettait le passage depuis le cœur du pays, le second depuis la haute vallée du Rhône. Trois ouvrages d'artillerie contrôlaient ce passage, un fort ancien – Galenhütten – et deux ouvrages modernes – Grimsel et Fuchsegg – ainsi que des ouvrages d'infanterie.
Plus encore que le seul contrôle du col du Grimsel, avec ses six canons de 15 cm portant à 24 kilomètres le grand ouvrage A8900 Grimsel pouvait battre une large zone frontière avec l'Italie, depuis la haute vallée du Rhône jusqu'à celle du Tessin en aval d'Airolo, et même en territoire italien, soit un front de quelque 50 kilomètres. Réalisé de 1941 à 1943 c'est un ouvrage à classer parmi les plus importants du pays. Sa seule galerie principale s'étend sur 1000 mètres et son équipage devait dépasser 250 hommes (ce qui est faible pour un ouvrage de cette taille). Il possède deux entrées, l'une avec funiculaire long de 450 mètres (pouvant transporter jusqu'à 25 hommes), l'autre, inférieure, au niveau du lac de barrage du Grimsel #3Il faut emprunter le sommet du barrage de retenue pour atteindre cette entrée. Impressionnant., suivie d'un escalier montant de 700 marches... Il possédait aussi une centrale électrique à trois groupes Sulzer et un important cantonnement sur deux niveaux #4Le fort de Grimsel était aussi l'un des rares à disposer d'une boulangerie dont on peut encore voir les fours..
Jusqu'en 1944 il était armé de six canons de 10,5 cm, remplacés de 1944 à 1998 par six pièces de 15 cm BK 42/46 L42. Durant la période active, l'ouvrage était organisé en trois batteries à deux pièces chacune : la batterie Est couvrait tout le secteur du Gothard y compris Andermatt et Airolo, la batterie Sud la frontière avec l'Italie, le col de San Giacomo et une partie du doigt de gant italien de Formazza, la batterie ouest le même territoire ainsi que la haute vallée du Rhône en amont de Brigue. L'ouvrage a été déclassé en 1998 et progressivement vidé. Il n'y reste qu'un seul de ses six canons, entreposé dans sa chambre de tir.
L'ouvrage s'étend au-dessus du lac du Grimsel, dans la pointe orientale du Brünberg, à la cote 2050, au centre gauche de la photo.
L'un des accès à l'ouvrage se fait par le sommet du barrage du lac lui-même à l'extrémité duquel débute un escalier de quelque 700 marches. Dans l'angle supérieur gauche apparaît un créneau d'observation.
Dans la paroi est du Brünberg s'ouvrent la plupart des embrasures de l'ouvrage.
Parmi lesquelles, de droite à gauche, deux créneaux d'observation et de défense rapprochée, et deux embrasures d'artillerie.
La galerie en escalier de 700 marches qui conduit du lac à l'ouvrage.
Dernier témoin de la puissante artillerie de l'ouvrage du Grimsel, ce canon de 15 cm est le seul qui y demeure encore.
L'entrée avec son accès protégé "hiver" (AALMA).
La galerie principale semble disproportionnée pour un ouvrage d'infanterie, qui de fait ne possède qu'un seul bloc actif. À gauche, la salle des machines, à droite un magasin à munitions.
La salle des machines pourrait être celle d'un ouvrage d'artillerie.
La cuisine modernisée durant la Guerre froide.
La galerie vers le bloc actif à un niveau supérieur.
La chambre de tir du canon antichar de 9 cm sur affût à flasques qui a probablement succédé sur le même affût à un 4,7 cm (AALMA).
Le bloc actif dévoile en partie sa large embrasure et deux de ses trois créneaux (mitrailleuse, observation, canon antichar) (AALMA).
Aux alentours de l'ouvrage de Grimsel existent aussi plusieurs petits ouvrages d'infanterie, fortins et abris. Entre autres, au niveau du col (2165 m) et à proximité de l'hôtel, demeurent l'ouvrage A8912 et son contre-ouvrage A8913. Le premier est un petit ouvrage d'infanterie constitué d'une entrée et d'un seul bloc actif avec mitrailleuse et canon antichar de 9 cm. Classé d'intérêt national, il a conservé tous ses équipements qui demeurent en parfait état : salle des machines, ventilation, cuisine, cantonnement, etc.
Etabli à 10 kilomètres à l'ouest d'Andermatt en défense du col de la Furka, l'ouvrage d'artillerie moderne A8630 Fuchsegg #5Se prononce Fouks-egg (le coin du renard)., a été installé à la cote 2000 dans les virages qui dominent la bourgade de Realp. Construit de septembre 1941 à l'automne 1945, il possédait à son achèvement quatre tourelles de 10,5 cm – installées en 1943 – et, pour la défense des dessus, trois fortins d'infanterie reliés. Son équipage pouvait atteindre 300 hommes. Aux alentours on relevait aussi pas moins de 12 positions de DCA de 20 mm. Avec leur portée de 22 km, les tourelles pouvaient couvrir non seulement tout le secteur des cols de la Furka et du Grimsel mais également toute la zone frontière du haut Tessin depuis le col de San Giacomo jusqu'à Airolo. L'ouvrage a été déclassé en janvier 1995.
L'entrée de l'ouvrage, hors tout camouflage.
Dans les galeries, parfaitement signalisées.
La salle des machines, solidement équipée, entre autres en raison de la présence de quatre tourelles de 10,5 cm et de leurs norias.
Le pied de la galerie et de l'escalier d'accès à la tourelle n° 1 et sa noria à munitions. 189 marches séparent ces lieux de la tourelle. Apparemment l'ouvrage n'est plus entretenu.
L'une des quatre tourelles de 10,5 cm de l'ouvrage (n° 2).
La tourelle n° 4. Dans le fond à gauche, la vallée de la Reuss en direction d'Andermatt (Dom. Vialard).
L'un des trois fortins d'infanterie de défense des dessus et son camouflage en chalet d'alpage (Chr. Hurni).
Le fort A8605 de Galenhütten, construit de 1890 à 1893 à la cote 2400, est surtout une batterie cuirassée compacte toute en granit, flanquée de deux caponnières. Il possède aussi sur la hauteur un observatoire cuirassé et un magasin-caverne à l'arrière. Son armement consistait en deux canons de 12 cm, un obusier de 12 cm sous tourelle et quatre 8,4 cm dans les caponnières. En 1908 est ajouté en contrebas un cantonnement pour 80 hommes. La défense du passage par le col de la Furka lui était plus spécialement attribuée. Vraisemblablement déclassé aussitôt après la guerre, l'ouvrage a été restauré en 2005-2006.
Tout en granit, l'ensemble du fort, presque un monobloc, avec ses deux caponnières de part et d'autre. Au centre de la façade, les deux embrasures cuirassées verticales pour canon de 12 cm.
La caponnière de gauche et, au 1er plan, un emplacement de DCA. On aperçoit, à l'arrière plan sur la droite, l'observatoire cuirassé.
Gros plan sur la coupole de l'observatoire cuirassé.
Les vues sont évidemment remarquables de ce point. À gauche, s'étend la route vers le col de la Furka tandis que les lacets au centre droit grimpent vers celui du Grimsel. Dans le fond, la haute vallée du Rhône s'éloigne vers Brigue.
Aux alentours, un fortin d'infanterie sous camouflage.
À suivre...
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