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Ligne Maginot

 

La tourelle de 81 modèle 1932
Petite mais pas moins sophistiquée et combative

 

 

 

 

 

Insérée dans l'ordre de taille entre les grosses tourelles Maginot de 75 et de 135 et la modeste mais très répandue tourelle de mitrailleuses, la tourelle de deux mortiers de 81 mm modèle 1932 fait un peu figure de parent pauvre au sein de la famille. À part la taille elle n'a pourtant rien à envier à ses homologues et, à l'examen, apparaît tout aussi complexe et perfectionnée que les plus grosses tourelles à éclipse de la famille Maginot. Il est vrai que les associations qui préservent des ouvrages et les font visiter ont avant tout mis l'accent sur les grosses tourelles, bien plus spectaculaires aux yeux des visiteurs, laissant dans l'ombre les plus petites. En outre, en 1940 peu d'entre elles ont eu l'occasion d'entrer en action et, si elles l'ont fait, cette action est passée inaperçue ! Essayons donc d'extraire de ces ténèbres la méconnue tourelle de 81 dont la quasi totalité des exemplaires construits demeure toujours en place in situ.

Avant tout il convient de rappeler quels étaient les huit types de tourelles à éclipse de la Ligne Maginot et la place occupée dans cette liste par la tourelle de 81 :

                        Artillerie

  • tourelle de 75 modèle 33, portée 11 à 12 km
  •         -      de 75 R modèle 32, portée 6,5 à 9,5 km
  •         -      de 75 modèle 1905 modifiée, portée 8,2 km
  •         -      de 135 modèle 32, portée 4 à 5,6 km
  •         -      de 81 modèle 32, portée 2,8 à 3,5 km.

                        Infanterie

  • tourelle de mitrailleuses
  •         -      d'armes mixtes #1Tourelle de 75 modèle 1905 modifiée (un canon de 25, deux mitrailleuses de 7,5 mm).
  •         -      d'arme mixte et mortier de 50.

Tourelle 81 wikipedia

Tourelle de 81 en batterie, de nos jours. Contrairement aux autres types de tourelles remarquer la construction en cuvette de la partie émergée de la tourelle, ce qui la rend bien défilée, c'est-à-dire peu ou pas visible de loin (ouvrage de Latiremont, Wikipedia).

 

Photos et planches s'agrandissent au clic

 

Immerhof 099

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Vue d'ensemble frontale de l'étage intermédiaire de la tourelle de 81. Remarquer à la base de l'engin la couronne de tuiles garnie d'une trentaine de projectiles prêts au tir. Noter aussi les espaces dégagés autour de la tourelle. En service normal une quinzaine de servants doivent pouvoir s'y déplacer.

  

   Descriptif

 La tourelle de 81 est une tourelle à éclipse de la Ligne Maginot armée de deux mortiers de 81 mm modèle 1932. Elle est destinée à effectuer des tirs courbes dans toutes les directions jusqu'à 3500 mètres. C'est un engin d'une dizaine de mètres de hauteur, d'un poids total de 125 tonnes #2Avant-cuirasse comprise., inséré dans un massif bétonné de protection – l'un des blocs d'un ouvrage – et comportant trois étages :

  • l'étage inférieur avec le balancier d'éclipse et son contrepoids,
  • l'étage intermédiaire avec les appareils de pointage et de transfert des munitions,
  • l'étage supérieur, la chambre de tir.

Installée dans un puits ménagé dans le bloc bétonné, la tourelle est constituée de parties fixes (la charpente fixe, les couronnes de guidage, l'avant-cuirasse) et d'une partie mobile (le balancier d'équilibre et son contrepoids, le fût de la tourelle avec les mécanismes de pointage, les norias à munitions, la chambre de tir au sommet).

T81 coupe verticale

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Détaillons un peu ces trois étages de la tourelle :

L'étage inférieur est celui du système agissant sur le mouvement de mise en batterie et mise en éclipse de la tourelle. On y trouve aussi les appareils de ventilation de la tourelle. Cet étage comporte des parties fixes et des parties mobiles, soit :

                       - parties fixes

  • les quatre colonnes supports de la couronne de guidage inférieur, soit 4 poutrelles verticales constituant l'assise de l'ensemble de la tourelle,
  • celles-ci supportent la couronne de guidage inférieur de la tourelle, placée sous le plancher de l'étage intermédiaire. C'est une pièce en acier moulé munie d'un guidage en bronze et de frotteurs pour le passage du courant électrique. Cette pièce guide le fût-pivot de la tourelle au cours de ses mouvements.
  • le ventilateur aspirant (voir plus loin).

                       - partie mobiles

  • essentiellement le balancier d'équilibre, articulé à une extrémité au corps de la tourelle, à un contrepoids en fonte de 12 tonnes à l'autre extrémité. Ce contrepoids comporte une partie évidée destinée à recevoir un lest variable d'équilibrage à l'aide de pièces de fonte, d'acier ou de plomb. L'équilibrage est réalisé en supposant les servants à leur poste dans la chambre de tir et au poste de pointage (soit 3 servants au total) et l'une des norias complètement approvisionnée (13 projectiles). Le contrepoids se déplace dans une fosse dont le fond est muni de deux butées élastiques qui doivent amortir un choc en cas de non fonctionnement du dispositif de freinage.
  • l'articulation entre le balancier d'équilibre et le corps de la tourelle est réalisée par un ensemble complexe de tourillons, balancier compensatoire, bielles à rotules, sellette, qui permettent les mouvements de rotation et de translation verticale de la tourelle.
  •  le fût-pivot de la tourelle repose de tout son poids sur la sellette par l'intermédiaire d'un double chemin de roulement de galets coniques en acier forgé dur qui permettent la rotation. Le centrage vertical précis de la tourelle est assuré par deux couronnes de guidage en acier moulé, l'une (on l'a vu) au niveau de l'avant-cuirasse, l'autre sous le plancher de l'étage intermédiaire.
  • le mécanisme de mise en batterie et d'éclipse est actionné par un moteur électrique placé sur le balancier d'équilibre ou, dans le cas de panne de courant, par deux manivelles de marche à bras placées de part et d'autre du balancier. Celui-ci possède aussi un système d'embrayage, un ensemble d'engrenages roulant sur une crémaillère d'éclipse, et le manipulateur électrique qui permet la mise en marche du moteur. Sa manette peut occuper 3 positions : repos, batterie, éclipse. Des systèmes de sécurité empêchent toute manœuvre intempestive.

Immerhof 091

L'étage inférieur de la tourelle vue de face. Entre ses quatre piliers de soutien s'étend le balancier, articulé au corps vertical de l'engin. Dans le haut apparaît le fût de la tourelle, ici en position éclipsée.

 

Immerhof 093a

Sur l'un des piliers du côté droit de l'ensemble est fixé 1 l'interrupteur/inverseur de fin de course du moteur des mouvements batterie/éclipse de la tourelle. 2 Balancier, 3 manivelle de droite de marche à bras batterie/éclipse, 4 commande de marche au moteur électrique ou à bras.

 

Immerhof 094a

En position éclipsée de la tourelle, vue d'ensemble du balancier et de son contrepoids de 12 tonnes.
À l'extrémité du balancier est fixé
1 son verrou manœuvré par un levier et bloqué par un cadenas selon le cas en position batterie ou éclipse.

 

Immerhof 095

Sur le côté gauche de l'étage inférieur de la tourelle se remarquent 1 l'interrupteur du ventilateur aspirant, 2 le boîtier des résistances du moteur d'éclipse/batterie (celui-ci, fixé sur le balancier, est caché par le pilier de gauche), 3 la manivelle de gauche de manœuvre à bras du balancier.

 

Fritz balancier

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Vue plongeante sur le balancier d'équilibre de la tourelle.

1 Balancier d'équilibre de la tourelle, 2 contrepoids d'équilibre (12 tonnes), 3 moteur électrique, 4  manivelles de marche à bras, 5  colonne à crémaillère de guidage et d'entraînement, 6 socle et support de l'axe d'articulation du balancier, 7  gaine de la ventilation aspirante de la chambre de tir, 8  bielle à rotules de liaison entre balancier et sellette (dessin de Fritz Lerch).


L'étage intermédiaire est celui des commandes de mise en batterie ou en éclipse de la tourelle, du pointage de la tourelle, du réglage des portées du tir et du transfert des munitions jusqu'à la chambre de tir. Il comporte un grand nombre d'équipements (en résumé) :

Sur le corps de la tourelle

  •  à l'avant, le poste de pointage (voir la photo renseignée ci-dessous)
  •  à l'arrière, les deux norias à munitions et leur moteur commun (voir photo renseignée)
  •  le dispositif de marche à bras des norias
  • le moteur électrique de rotation de la tourelle #3Un tour complet en 30 secondes environ.
  • la couronne circulaire crantée reliée par arbre et pignons au moteur de rotation
  • le dispositif de marche à bras de rotation de la tourelle en cas de panne électrique
  • la couronne circulaire graduée sur laquelle se déplace l'appareil indicateur de pointage en direction
  • la couronne de guidage supérieur
  • les échelles d'accès à la chambre de tir.

Autour de la tourelle

  • les tableaux Force et Lumière
  • le monte-charge à munitions depuis l'étage inférieur.

Fritz 1aFritz 1b

 Ces planches s'agrandissent au clic

L'étage intermédiaire de la tourelle – Le poste de pointage.

De bas en haut :

1 Collerette tournante garnie d'une trentaine de projectiles prêts au tir
2 Manivelles de marche à bras de rotation de la tourelle
3 Volants de pointage,
3a au centre, pointage fin en direction (par rotation de la tourelle),
3b de part et d'autre, commande des portées par action sur les gaz de propulsion des mortiers dans la chambre de tir
4 Levier de mise en batterie ou en éclipse
5 Levier de sécurité de tir (interdit le verrouillage des culasses si suspension du tir)
6 Tambours indicateurs des portées par action sur les gaz de détente
7 Commande de rotation de la tourelle au moteur ou à bras
8 Lampes de secours à bougie
9 Transmetteur d'ordres Téléflex entre le poste de pointage et la chambre de tir
10 Réglage et indicateur de fauchage en direction
11 Echelles d'accès à la chambre de tir
12 Circulaire graduée
13 Appareil indicateur de pointage en direction.

Dessins de Fritz Lerch. 

 

Fritz 2a

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Vue du côté gauche de l'étage intermédiaire.

Au centre, 1 tambour de réglage des portées et arbres de transmission d'action sur les cylindres des gaz de propulsion du mortier de gauche dans la chambre de tir. Plus haut, 2 circulaire graduée et 3 curseur indicateur de pointage en direction. On aperçoit aussi 4 le moteur de rotation et 5 le système de transmission et le long pignon de rotation. 6 Trappe d'accès à l'intérieur du corps de la tourelle (dessin de Fritz Lerch).

 

Fritz 2b

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Vue du côté droit de l'étage intermédiaire.

De bas en haut, 1 réglage des portées du mortier de droite par les arbres d'action sur les cylindres des gaz de propulsion dans la chambre de tir, 2 levier de commande du pointage latéral (rotation de la tourelle) au moteur ou à bras,
3 interrupteur et rhéostat du pointage latéral, 4 interrupteur et rhéostat du moteur des norias à munitions, 5 circulaire graduée, bras et curseur indicateur du pointage en direction, 6 moteur et transmission de rotation de la tourelle, 
7 engrenages et long pignon de rotation, 8 échelle d'accès à la chambre de tir et au mortier de droite, 9 gaine de la noria du mortier de droite (dessin de Fritz Lerch).

 

Fritz 5a Fritz 5b

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Gros plan sur les systèmes d'approvisionnement en munitions de la chambre de tir.

De bas en haut, 1 collerette tournante à munitions, 2 manettes de marche à bras ou au moteur des norias, 3 manivelles de marche à bras des norias, 4 emplacements des munitions destinées à la chambre de tir, 5 moteur et 6 norias de montée des projectiles. Les trappes à levier et les tablettes 7 sont destinés à la récupération dans les norias des munitions non tirées (dessins de Fritz Lerch).

 

Immerhof 114

L'étage intermédiaire de la tourelle qui est essentiellement celui du poste de pointage des pièces et de l'acheminement des munitions vers la chambre de tir (O. de l'Immerhof).

 

Immerhof 099a

Gros plan sur le poste de pointage de la tourelle.

 

Immerhof 099b numros

Gros plan sur le poste de pointage de la tourelle.

1 Volant de pointage fin en direction (par rotation de la tourelle)
2 Axe du système de pointage manuel en direction par manivelles
3 Volant de commande des portées par action sur les gaz de propulsion des mortiers dans la chambre de tir (pièce de droite)
4 Id. (pièce de gauche)
5 Tambours indicateurs des portées par action sur les gaz de détente
6 Levier de mise en batterie ou en éclipse
7 Levier de sécurité de tir (interdit le verrouillage des culasses si suspension du tir)
8 Commande de rotation de la tourelle au moteur ou à bras
9 Interrupteur et rhéostat du moteur de pointage latéral de la tourelle
10 Réglage et indicateur de fauchage en direction
11 Transmetteur d'ordres Téléflex entre le poste de pointage et la chambre de tir
12 Gaine acoustique vers la chambre de tir
13 Echelle d'accès à la chambre de tir et à la pièce de droite
14 Echelle d'accès à la chambre de tir et à la pièce de gauche.

Immerhof 098

Le monte-charge à munitions entre les étages inférieur (cette photo) et intermédiaire de la tourelle.
Les munitions sont stockées à ce dernier niveau dans divers magasins et niches autour de la tourelle.


L'étage supérieur est celui de la chambre de tir. On y trouve :

  • les deux mortiers de 81 mm, leurs cylindres de détente des gaz et leurs affûts
  • leurs systèmes de réglage des portées par action sur les gaz de détente
  • les postes hauts et réceptacles des norias à munitions
  • les appareils de chargement des projectiles
  • la gaine de la ventilation aspirante.

Fritz 6 002Fritz 7

Les équipements de la chambre de tir (sans ses cuirassements).

1 noria de gauche, 2 arbres de réglage des cylindres de détente des gaz de tir, 3 système de réglage des cylindres de détente, 4 cylindres de détente des gaz (deux par tube de mortier), 5 cuillère de chargement, 6 emplacement du tireur de gauche, 7 trappe d'accès à la chambre de tir, 8 boîtier recevant les munitions non tirées, 9 poste haut du transmetteur d'ordres Téléflex, 10 porte-voix acoustique, 11 éclairage électrique et résistances de chauffage, 12 gaine de la ventilation aspirante (dessins de Fritz Lerch).

 

Fritz 8b

Vue plongeante sur les équipements de la chambre de tir.

Au 1er plan 1 l'entonnoir de la ventilation aspirante, puis sur le pourtour de la chambre de tir 2 l'éclairage électrique et 3 les résistances de chauffage, au centre en bas 4 un boîtier destiné aux munitions non tirées. En rouge, 5 le poste haut du transmetteur d'ordres Téléflex. 6 porte-voix acoustique. 7 Trappes d'accès. Au centre, les deux mortiers avec leurs cylindres de détente des gaz (dessin de Fritz Lerch).

  

  Caractéristiques générales de la tourelle

tourelles 81 caracteristiques

 Hackenberg 1 1986Hackenberg 2 1986

En 1986, l'une des deux tourelles de 81 de l'ouvrage du Hackenberg, en position éclipsée. Ici aussi on remarque bien la construction en cuvette de la partie émergeante de la tourelle et du bloc qui l'abrite (photos Michel Mansuy).

  

  L'armement

 Le mortier de 81 mm modèle 1932 est une arme à tir courbe spécialement adaptée à la forteresse. Découlant du mortier Stockes-Brandt de 1927 et après une longue élaboration en 1929 et 1930 il sera réalisé en deux versions, l'une pour casemate, l'une pour tourelle. Ses particularités sont d'être chargé par l'arrière et non par la bouche, de tirer à angle constant de 45° et d'agir sur la portée, entre autres, par action sur les gaz de détente.

 Mortier de 81 casemateCulasse de 81

La culasse du mortier de 81 de tourelle est différente de celle du 81 de casemate. La culasse du mortier de casemate est plus courte, elle possède une poignée coudée et un système de mise à feu sur le côté droit de l'affût. La culasse du 81 de tourelle était telle, initialement, que représentée ici. Elle possédait une poignée droite et perpendiculaire à l'axe de la culasse. Cette poignée est terminée par un bouton poussoir. La mise à feu se produit lorsque le marteau du dispositif vient frapper le bouton poussoir de la culasse. Ultérieurement, une culasse à poignée coudée a été adoptée en tourelle, le marteau de la mise à feu venant heurter le percuteur par une ouverture à l'arrière de la culasse.

 

Kemmel Immerhof

Ce dispositif de mise à feu n'existe que sur les 81 de tourelle. En actionnant la poignée visible ici à gauche du dispositif, le marteau vient frapper le percuteur par l'ouverture ménagée à l'arrière de la culasse
(photo Dominique Kemmel, Immerhof).

 

Kemmel Simserhof 1Kemmel Simserhof 2

Vues de deux culasses de tourelle (photos Dominique Kemmel, Simserhof).

 

  L'arme

  • longueur du tube 1,575 m
  • diamètre du tube (alésage) 81,15 mm
  • poids de la bouche à feu 200 kg
  • encombrement (pièce de casemate) hauteur 1,81 m, long. 1,58 m, larg. 1,16 m
  • cadence de tir (qui peut être doublée) 15 coups/minute
  • refroidissement par eau 50 litres/jour
  • portée 3 500 m #4Des essais avec une charge supplémentaire de 50 g avaient permis d'atteindre une portée de 5200 m mais l'usure trop rapide du tube avait fait abandonner ce moyen..

  Munition

  • projectile de 81 FA Mle 1936 RF #5FA, fonte aciérée, RF, de région fortifiée. Jusqu'à l'apparition de la munition modèle 1936 c'est le projectile de 81 mm FA Mle 32, portée 2400 m, qui était employé.
  • longueur du projectile avec fusée RYG Mle 18 358 mm
  • sans fusée 303 mm
  • sans fusée ni empennage 209 mm
  • longueur de l'empennage 94 mm
  • poids total du projectile chargé et avec fusée 3,200 kg
  • sans fusée 2,980 kg
  • sans fusée ni empennage 2,610 kg
  • poids d'explosif, env. 0,350 à 0,400 kg.
Cette munition utilise trois charges propulsives, une charge faible et deux charges-relais qui s'ajoutent selon le cas à la charge faible au-dessus de l'empennage
  • une charge faible, cartouche avec 10,3 g de balistite, la charge normale
  • une charge moyenne, anneau en celluloïd avec 15,7 g de balistite
  • une charge forte, anneau en celluloïd avec 55 g de balistite.

 Effets des projectiles

Les projectiles chargés en explosif produisent en éclatant des éclats dangereux pour le personnel dans un rayon d'environ 10 mètres du point d'éclatement (une trentaine d'éclats efficaces à 10 mètres de part et d'autre du plan de tir).

  • Dotation en munitions, par tourelle : 4 800 coups #6Très variable d'un ouvrage à l'autre. Ph. Truttmann indique 6 400 coups (La Muraille de France). Jean-Yves Mary écrit dans "Quelque part sur la Ligne Maginot" (Ed. Sercap, 1985) qu'au terme des combats lors de l'attaque du fort de Fermont il restait encore en réserve dans les magasins 15 113 munitions de 81, soit bien plus que la dotation réglementaire..

 

  Les systèmes de sécurité

Des dispositifs de sécurité spéciaux empêchent toute fausse manœuvre la tourelle étant éclipsée :

  • le dispositif de sécurité d'éclipse interdit l'éclipse si les culasses ne sont pas ouvertes ou interdit la fermeture des culasses si la tourelle est éclipsée.
  • le dispositif de sécurité de tir permet au pointeur d'interdire le verrouillage des culasses lorsqu'il y a suspension du tir.

 

  La ventilation

En plus de la ventilation générale soufflante du bloc il a été prévu un système séparé de ventilation aspirante de la chambre de tir. Celle-ci est générée par un ventilateur électrique et à marche à bras installé à l'étage inférieur de la tourelle.

La ventilation soufflante est celle de l'ensemble du bloc bétonné qui entoure la tourelle. Elle a pour but de créer dans tous les locaux du bloc et en particulier dans la chambre de tir une surpression qui empêche la pénétration de l'air extérieur, assurant ainsi une protection contre les gaz de combat. Cette surpression s'oppose aussi aux reflux des fumées restées dans l'âme des canons quand on ouvre les culasses (protection contre l'oxyde de carbone).

Les ventilateurs soufflants permettent de refouler dans la tourelle par une bouche placée à l'étage intermédiaire ou à l'étage inférieur :

- soit de l'air puisé dans les galeries souterraines (régime air pur ou régime normal),
- soit de l'air puisé à l'extérieur du bloc (régime air gazé ou régime gazé) puis filtré.

Ces ventilateurs soufflants sont indépendants de la tourelle et leur fonctionnement n'est pas du ressort du peloton de tourelle.

La ventilation aspirante est destinée à évacuer les gaz provenant du tir des pièces. Ces gaz se répandent en partie dans la chambre de tir. Cette ventilation est obtenue au moyen du ventilateur aspirant placé à l'étage inférieur et dont la manœuvre est assurée par le peloton de tourelle. L'air aspiré est chassé vers l'extérieur.

Immerhof ventilateur aspirant

Placé à l'étage inférieur de la tourelle, le ventilateur aspirant de la chambre de tir
(ouvrage de l'Immerhof, photo F. Novelli).

 

  Les installations électriques #7Selon les directives de 1936, des modifications ayant pu intervenir lors de la réactivation des ouvrages après guerre.

L'énergie électrique nécessaire pour le fonctionnement de la tourelle est fournie en courant continu de 110-115 volts. Deux tableaux commandent les différentes fonctions électriques de la tourelle et de l'éclairage, un tableau FORCE et un tableau LUMIERE (voir photos).

En plus de l'interrupteur général, le tableau FORCE commande les mouvements batterie/éclipse et la rotation de la tourelle, le ventilateur aspirant et le monte-charge.

La tableau LUMIERE commande l'éclairage des deux étages de la tourelle (locaux et tourelle, 4 lampes à l'étage inférieur, 5 lampes à l'étage intermédiaire) et de la chambre de tir (3 lampes). Ces lampes sont doublées par des lanternes de secours à bougie fixées sur la tourelle et sur les murs (v. photos).

 

Immerhof 096

Situé à l'étage inférieur, le tableau électrique général commande l'alimentation des fonctions essentielles à ce niveau du bloc : les mouvements éclipse/batterie de la tourelle, le ventilateur aspirant, le monte-charge.

 

Immerhof 097

Au même étage, face au tableau général, le tableau d'éclairage commande les trois étages de la tourelle.

 

Lampes secours 4Lampes secours 6

Des lampes de secours à bougie complétaient l'éclairage électrique. Les lampes carrées étaient fixées aux murs de l'étage intermédiaire tandis que les lampes à réflecteur rond étaient fixées sur la tourelle même.

 

Hochwald 1939 B2

Sur cette photo prise au bloc 2 du Hochwald en 1939 on remarque deux lampes de secours carrées sur les murs et deux lampes à réflecteur rond à même la tourelle (photo Albert Haas, coll. JBW).

 

  Transmissions

Le principe du processus allant de l'observation au tir, soit :

observation depuis un observatoire d'ouvrage ou isolé voire éloigné PC artillerie de l'ouvrage PC du bloc d'artillerie tourelle, et inversement

est bien connu. Dans les faits, un observatoire proche ou éloigné peut être mis en relation directement avec le bloc d'artillerie qui doit tirer, sans passer par les PC d'ouvrage et de bloc.

Au niveau de la tourelle, les ordres parviennent par téléphone au chef de tourelle. En outre, deux gaines acoustiques relient d'une part le poste de pointage et la chambre de tir, d'autre part les étages intermédiaire et inférieur.

 

  L'équipage (ou peloton) de tourelle

Il faut au total 20 hommes pour la mise en œuvre d'une tourelle de 81 Mle 32, soit :

- un chef de tourelle (adjudant ou adjudant-chef) #8Il se tient en principe à l'étage inférieur de la tourelle mais se porte partout où sa présence est nécessaire.

- étage inférieur, 3 hommes :

  • 1 brigadier, chef d'équipe
  • 1 conducteur
  • 1 maître-ouvrier.

- étage intermédiaire, 14 hommes :

  • un sous-officier, chef des pièces
  • un artificier
  • deux équipes de 4 pourvoyeurs
  • un approvisionneur
  • un pointeur
  • deux aides-pointeurs.

- étage supérieur (la chambre de tir), 2 hommes :

  • deux tireurs dont un brigadier.

 

  Hochwald 1939 B2 equipage

Hochwald 1939 - Une partie de l'équipage du bloc 2 au niveau de l'étage intermédiaire de la tourelle de 81
(photo Albert Haas, coll. JBW).

 

Revoyons un peu dans le détail la fonction de chacun.

 - Etage inférieur, 3 hommes :

  • le brigadier chef d'équipe surveille et dirige le service d'équipe de cet étage en transmettant et assurant l'exécution des ordres. Il manœuvre le levier d'embrayage du mouvement d'éclipse et de mise en batterie. Il manœuvre la manivelle de droite d'éclipse dans le cas de la marche à bras.
  • le conducteur est chargé du bon fonctionnement de l'appareillage électrique et des opérations simples de manœuvre des organes électriques de la tourelle. Il enclenche ou déclenche les interrupteurs des tableaux FORCE et LUMIERE, surveille les appareils de mesure du tableau général FORCE, met en marche et arrête le ventilateur aspirant. Il recherche et résout les pannes simples et assure les menues réparations de la tourelle. En cas de difficulté il fait intervenir un sapeur électromécanicien #9Deux sapeurs électromécaniciens sont prévus pour chaque bloc. ils sont chargés du tableau divisionnaire situé au pied du bloc, des ventilateurs du bloc et éventuellement des réparations à effectuer aux moteurs de la tourelle et aux autres appareils du bloc..
  • le maître-ouvrier en fer verrouille et déverrouille le balancier, actionne la manivelle de gauche d'éclipse dans le cas de la marche à bras, aide le conducteur dans la recherche des pannes et les menues réparations de la tourelle.

- Etage intermédiaire, 14 hommes :

  • le sous-officier chef des pièces surveille la manœuvre de l'étage intermédiaire et assure la transmission des ordres aux autres étages de la tourelle.                                                                                 
  • l'artificier (brigadier) dirige le ravitaillement des munitions de la tourelle et surveille l'assemblage des projectiles.
  • les huit pourvoyeurs assemblent les projectiles et assurent le ravitaillement des norias comme suit :
  • les 1ers pourvoyeurs amorcent les bombes,
  • les 2es pourvoyeurs aident les 1ers pourvoyeurs, éventuellement ils manœuvrent les manivelles des norias,
  • les 3es pourvoyeurs mettent les appoints ou relais sur les empennages, introduisent les cartouches propulsives dans la queue, éventuellement ils manœuvrent à bras le ventilateur aspirant,
  • les 4es pourvoyeurs assemblent éventuellement les bombes amorcées aux empennages munis de leur appoint, ou aident les 3es pourvoyeurs à garnir les bombes de relais et de cartouches propulsives.
  • l'approvisionneur met en marche et arrête les norias, les approvisionne en projectiles.
  • le pointeur pointe et fauche en direction, déclenche la mise en batterie et l'éclipse, manœuvre le levier de sécurité de tir.
  • les deux aides-pointeurs manœuvrent les volants de détente et fauchent en détente, éventuellement ils manœuvrent les manivelles de pointage en direction ou aident au ravitaillement en munitions.

- Etage supérieur (chambre de tir), deux hommes :

  • les deux tireurs (dont un brigadier à la 2e pièce) ouvrent et ferment les culasses, introduisent le projectile dans la chambre, mettent le feu.

 

   L'équipage du bloc

 En plus de l'équipage (ou peloton) de la tourelle, le fonctionnement du bloc d'artillerie requiert à l'étage inférieur du bloc (au niveau des galeries de communication) ou dans les locaux voisins de la tourelle la présence de 12 à 15 hommes :

  • le commandant du bloc (généralement un lieutenant ou un sous-lieutenant, parfois un adjudant ou adjudant-chef)
  • les personnels du service des munitions, des téléphonistes, secrétaires, infirmiers et électromécaniciens.

 

   Le bloc bétonné entourant

 La tourelle est à la fois logée et protégée par la masse bétonnée du bloc d'artillerie correspondant. Ce bloc est l'un des éléments actifs (càd. de combat) d'un ouvrage d'artillerie. Il relève d'un plan-type CORF construit avec des variantes selon sa ou ses missions : soit simple bloc-tourelle, soit associé à une casemate d'infanterie #10Ouvrage de Latiremont, bloc 4. Ouvrage de l'Immerhof, bloc 3. Ouvrage du Simserhof, blocs 2 et 3. Ouvrage de l'Otterbiel, bloc 3.. Un exemple ici parmi d'autres, le bloc 5 de l'ouvrage de Schoenenbourg.

Le bloc 5 de l'ouvrage de Schoenenbourg

Bloc5 1

Bloc5 2Bloc5 3Bloc5 4

Bloc5 5

Ces planches s'agrandissent au clic

 

Bloc5 6

Emplacement du bloc 5 au sein de l'ensemble des blocs de combats et des avants de l'ouvrage de Schoenenbourg. On peut remarquer entre autres, concernant le bloc 5, la différence de niveau entre le sol de la galerie (cote 177) et la surface du terrain (cote 199) soit 22 mètres d'un sol relativement peu résistant (marnes argileuses, sables aquifères). Cette protection s'est révélée un peu juste lors des bombardements de 1940, certains projectiles pénétrant jusqu'à 12 mètres dans le sol, voire plus, avant d'éclater (d'après doc. d'archives).


   Fonctionnement

Le fonctionnement en action de cet ensemble complexe – un vaste chapitre à lui seul – devrait faire le thème d'un volet séparé et sera traité ultérieurement.

 

   Les 22 tourelles de 81 de la Ligne Maginot

 Au total 23 tourelles seront construites, en majorité destinées au Nord-Est. Seules deux tourelles devaient aller dans le Sud-Est mais elles ne seront jamais installées (ouvrage de Plan-Caval, Alpes Maritimes#11Philippe Truttmann signale dans "La Muraille de France " qu'un nombre au moins équivalent d'engins ont été successivement ajournés en 2e cycle "..

Nord-Est, d'est en ouest

• Schoenenbourg
1 (bloc 5) n° 321
Hochwald-Est
1 (bloc 2) n° 308
Four à Chaux
1 (bloc 3) n° 314
Otterbiel
1 (bloc 3) n° 312
Schiesseck
1 (bloc 1) n° 309
Simserhof
2 (blocs 2 et 3) nos. 305 et 302
Anzeling
1 (bloc 3) n° 303
Michelsberg
1 (bloc 3) n° 304
Mont des Welches
1 (bloc 1) n° 306
Hackenberg
2 (blocs 3 et 10) nos. 315 et 317
Billig
1 (bloc 6) n° 313
Métrich
1 (bloc 5) n° 301
Galgenberg
1 (bloc 4) n° 307
Kobenbusch
1 (bloc 6) n° 318
Immerhof
1 (bloc 3) n° 316
Molvange
1 (bloc 3) n° 310
Bréhain
1 (bloc 7) n° 311
Latiremont
1 (bloc 4) n° 319 (ou 320)
Fermont
1 (bloc 5) n° 320 (ou 319)

Alpes Maritimes

Plan Caval 1 (bloc 3) n° 322 et 323 *non installées en 1940, la 322 sera installée au Four à Chaux en 1955.

 

   Combats et incidents

 En juin 1940, chaque fois que l'ennemi entrait dans le rayon d'action de l'une des tourelles celle-ci, guidée par des observatoires vigilants, ouvrait le feu et clouait l'assaillant au sol en lui infligeant des pertes en hommes et en matériel. Parallèlement, durant la même période, certaines pièces en action, de tourelle ou de casemate, ont connu des incidents plus ou moins sévères, révélant une certaine faiblesse du tube et du mécanisme. Parmi ces divers évènements citons entre autres :

  • Dans la nuit du 15 au 16 juin à l'ouvrage de l'Immerhof, après avoir beaucoup tiré, une bombe de 81 explose dans l'un des tubes, blessant grièvement l'un des tireurs et provoquant un début d'incendie jusqu'à l'étage intermédiaire. Le tube sera remplacé et prêt à reprendre les tirs.
  • Le 16 juin au Hackenberg, la tourelle de 81 du bloc 3 subit un éclatement prématuré dans l'un de ses tubes, blessant assez légèrement les deux occupants de la chambre de tir et mettant la tourelle indisponible. Elle sera réparée au soir du 21 et reprendra les tirs le 22 avec ses deux tubes #12Citation à l'ordre de l'ouvrage, ordre n° 3 : " Le chef d'escadron H. Ebrard, commandant le sous-secteur de Hombourg-Budange, cite à l'ordre de l'ouvrage le maréchal des logis Malherbe, chef de tourelle du bloc 3. Le 16 juin 1940, à la suite d'un éclatement prématuré qui faisait éclater un des tubes de la tourelle, blessant les servants de la chambre de tir, plongeant le bloc dans l'obscurité et le remplissant de fumée épaisse rendant l'atmosphère irrespirable, a fait preuve de sang froid, de cran et du plus grand mépris du danger en montant dans la chambre de tir et en éteignant un commencement d'incendie qui menaçait de provoquer le plus grave accident, en se propageant à l'étage intermédiaire où se trouvaient toutes les munitions prêtes pour un tir. " Un exemple parmi d'autres de la réactivité et du courage des équipages de ces tourelles face à un évènement de cet ordre..
  • Le 18 juin et surtout durant l'historique journée du 19, le Four-à-Chaux, vainement attaqué de toutes parts, réplique de tous ses moyens y compris sa tourelle de 81 du bloc 3, infligeant de sérieuses pertes à l'ennemi.
  • À l'ouvrage de Fermont, la tentative d'assaut ennemie du 21 juin 40 a été brisée nette en particulier par l'action de sa redoutable tourelle de 81 du bloc 5, invisible de l'ennemi du fait de sa construction en cuvette et qui n'a cessé de tirer tout au long de la journée sans aucun incident signalé.
  • Le 22 juin 1940 à 18 h dans l'ouvrage du Mont des Welches, qui subit alors une forte pression des troupes ennemies et après de nombreux tirs, une bombe de 81 explose dans l'un des mortiers du bloc 1 faisant éclater le tube. Cinq blessés sont à déplorer mais leur état n'inspire pas d'inquiétude #13Selon d'autres sources il y aurait eu un blessé grave qui serait décédé par la suite.. Par contre le bloc 1 est rendu indisponible.
  • Des incidents du même ordre auraient été signalés également au Galgenberg et au Billig.

Selon les spécialistes consultés, ces éclatements pouvaient avoir pour origine soit la présence d'un corps étranger dans le tube, soit un fonctionnement défectueux de la fusée (sabotage ?), soit une introduction brutale du projectile provoquant la non-percussion de l'amorce puis un fatal double chargement.

  • Au Michelsberg les 21-22 juin, la tourelle de 81 du bloc 3 tire 54 coups et apporte une énergique contribution à la neutralisation des attaques allemandes par l'arrière de pair avec ses blocs 5 (T75-33) et 6 (135), et avec l'appui du Welches, du Hackenberg et d'Anzeling.
  • Toutefois, c'est dans le Secteur fortifié de Haguenau, au nord de l'Alsace, que les tourelles de 81 du groupe Hochwald-Est et Schoenenbourg vont le plus entrer en action et à maintes reprises, brisant toute approche de l'infanterie ennemie tant du nord que du sud. Du 14 au 25 juin 1940, le Schoenenbourg aura tiré plus de 600 projectiles de 81, le Hochwald-Est plus de 1000.

A22 Michelsberg

Peu visible dans sa cuvette, la tourelle de 81 du bloc 3 de l'ouvrage du Michelsberg vue ici dans les années 1940. Entre le 16 et le 22 juin 1940 elle est fréquemment entrée en action, produisant un effet dévastateur dans les rangs allemands. Au loin on aperçoit l'ouvrage voisin du Mont des Welches et, dans l'intervalle entre les deux, son bloc 2 et la casemate de Menskirch. On comprend bien l'intérêt de ces tourelles de 81 qui est de battre non seulement les intervalles entre deux ouvrages mais tout le terrain à 360° et jusqu'à 3,5 km (coll. Yves Noël).

 

   Les planches 3D de Fritz Lerch

 Fritz 000

Vue d'ensemble des trois étages de la tourelle de 81.
Sur la gauche, le monte-charge à munitions. Les cuirassements entourant la chambre de tir n'ont pas été représentés ici.

 

Fritz 00

Cuirassements.
Cette vue d'ensemble de la tourelle permet d'évaluer l'importance de l'avant-cuirasse qui protège la chambre de tir de ses 70 tonnes et 15 à 40 cm d'acier en épaisseur.

 

Fritz balancier 002

Vue plongeante sur le balancier d'équilibre de la tourelle.

 

Fritz 1a

L'étage intermédiaire de la tourelle – Le poste de pointage.

 

Fritz 2c

Vue du côté droit de l'étage intermédiaire.

 

Fritz 3

Vue en contre-plongée du côté droit de l'étage intermédiaire et de la chambre de tir.
Les cuirassements protégeant la chambre de tir ne sont pas représentés ici.

 

Fritz 4a

Vue en contre-plongée de trois quart avant droit de l'étage intermédiaire et de la chambre de tir.

 

Fritz 5a

Gros plan sur les systèmes d'approvisionnement en munitions de la chambre de tir.

 

Fritz 6

Les équipements de la chambre de tir (sans ses cuirassements).

 

Fritz 7

Les équipements de la chambre de tir vus d'arrière en avant.

 

Fritz 8

Vue plongeante sur les équipements de la chambre de tir.

 

Fritz 9Fritz 10

Gros plan sur les équipements de la chambre de tir.
Deux vues rapprochées des postes hauts des norias à munitions et des systèmes de réglage des cylindres de détente des gaz.

 

Fritz 11Fritz 12Fritz 13

Trois stades de chargement des munitions avant mise de feu : 1 délivrée par le poste supérieur de la noria, la munition glisse dans une gouttière jusqu'à une planchette dans l'attente d'être transférée manuellement par un levier vers la cuillère de chargement, 2 au stade suivant, la munition, retenue par la culasse mobile, repose sur la cuillère de chargement, 3 un levier actionne un ensemble de pignons et d'engrenages faisant avancer par une crémaillère culasse et munition jusqu'à la chambre du tube du mortier. À la fin de ce stade la munition est totalement engagée dans le tube qui est verrouillé par la culasse. Le tir peut être déclenché (la poignée de culasse est représentée tel qu'était son premier modèle).

  

   Photos – L'ouvrage de l'Immerhof

La tourelle de 81 de l'ouvrage de l'Immerhof

C'est la seule parmi les 22 tourelles installées qui demeure à l'heure actuelle (en 2020) intacte et même rénovée par l'association Le Tiburce .

Immerhof 091

L'étage inférieur de la tourelle vue de face. Entre ses quatre piliers de soutien s'étend le balancier, articulé au corps vertical de l'engin. Dans le haut apparaît le fût de la tourelle, ici en position éclipsée.

 

 Immerhof 093a2

Sur l'un des piliers du côté droit de l'ensemble est fixé l'interrupteur/inverseur de fin de course du moteur des mouvements batterie/éclipse de la tourelle. On voit le balancier et la manivelle de droite de marche à bras batterie/éclipse, ainsi que la manette de marche au moteur électrique ou à bras.

 

 Immerhof 093b2

Fixés à l'interrupteur de fin de course, les voyants indiquent la position de la tourelle, éclipsée (D, descente) ou en batterie (M, montée).

 

 Immerhof 094a2

En position éclipsée de la tourelle, vue d'ensemble du balancier et de son contrepoids de 12 tonnes. Le moteur du balancier est caché par le pilier du 1er plan.

 

Immerhof 096

Sur le côté gauche de l'étage inférieur de la tourelle se remarquent : l'interrupteur du ventilateur aspirant (sur l'un des piliers), le boîtier des résistances du moteur d'éclipse/batterie (celui-ci, fixé sur le balancier, est caché par le pilier de gauche),la manivelle de gauche de manœuvre à bras du balancier.

 

Immerhof 096

Situé également à l'étage inférieur, le tableau électrique général commande l'alimentation des fonctions essentielles à ce niveau du bloc : les mouvements éclipse/batterie de la tourelle, le ventilateur aspirant, le monte-charge.

 

Immerhof 097

Au même étage, face au tableau général, le tableau d'éclairage commande les trois étages de la tourelle.

 

Immerhof 098

Le monte-charge à munitions entre les étages inférieur (cette photo) et intermédiaire de la tourelle. Les munitions sont stockées à ce dernier niveau dans divers magasins et niches autour de la tourelle.

 

 Immerhof 099

Vue d'ensemble frontale de l'étage intermédiaire de la tourelle de 81. Remarquer à la base de l'engin la couronne de tuiles garnie d'une trentaine de projectiles prêts au tir. Noter aussi les espaces dégagés autour de la tourelle. En service normal une quinzaine de servants doivent pouvoir s'y déplacer.

 

 Immerhof 099a

Gros plan sur le poste de pointage de la tourelle.

 

 Immerhof 101a2

Le poste de pointage vu du côté droit.
Dans le haut se voient : le bras articulé et son curseur qui se déplace sur une couronne graduée indiquant l'orientation de la tourelle.
Dans la niche du fond est visible un appareil d'assemblage des munitions.

 

 Immerhof 101b2

L'appareil d'assemblage (ou de démontage) des munitions permet le vissage de l'empennage à ailettes et l'ajout sur la partie la plus étroite de la bombe des charges-relais qui en augmentent la portée (photo D. Kemmel).

 

 Immerhof 107a2

Gros plan sur les équipements du côté droit de l'étage intermédiaire de la tourelle, de g. à dr. :
- bras articulé, curseur et couronne graduée d'orientation de la tourelle,
- poignée de la commande de rotation de la tourelle au moteur ou à bras,
- interrupteur et rhéostat du moteur de rotation et de pointage latéral,
- interrupteur et rhéostat du moteur des norias à munitions,
- au bas, axe de l'indicateur des portées par action sur les gaz de propulsion des mortiers.

 

 Immerhof 114 2

L'étage intermédiaire de la tourelle qui est essentiellement celui du poste de pointage des pièces et de l'acheminement des munitions vers la chambre de tir.

 

 JLN Immerhof 2

Jean-Louis Nospeld à la manœuvre de la tourelle de 81 de l'Immerhof (photo Francis Novelli).

  

   Photos – Tourelles de 81 en 1975-1990

Après avoir été remise en état de servir de 1950 à 1955 durant la Guerre froide, plus ou moins entretenue jusqu'à la fin des années 1960, la Ligne Maginot a été abandonnée à son sort au-delà de cette période. Petits ouvrages, casemates et abris ont été mis en vente dans les années 1970, l'armée conservant la propriété des gros ouvrages. Après une quarantaine d'années de secret absolu il a alors été possible d'effectuer des visites de ceux-ci et d'établir un état des lieux après plus d'une dizaine d'années sans maintenance. Les tourelles de 81 entre autres n'avaient pas encore trop souffert de l'humidité et du chapardage. Les photos ci-après attestent de cet état . À une exception près (Immerhof), il n'en est hélas plus de même aujourd'hui...

T81 1 Fermont76

Fermont, bloc 5, en 1976.

 

T81 2 Mtrich79

Métrich, bloc 5, en 1979.

 

T81 3 Billig79

Billig, bloc 6, en 1979.

 

T81 4 Billig79

Billig, bloc 6, en 1979.

 

T81 5 Anzeling79

Anzeling, bloc 3, en 1979.

 

T81 6 Simserhof96

Simserhof, bloc 3, en 1996.

 

T81 7 Simserhof96

Simserhof, bloc 3, en 1996.

 

T81 8 FAC78

Four-à-Chaux, bloc 3, en 1978.

 

T81 9 FAC78

Four-à-Chaux, bloc 3, en 1978.

 

T81 10 FAC78

Four-à-Chaux, bloc 3, en 1978.

 

T81 11 Hochwald84

Hochwald, bloc 2, en 1984.

 

T81 12 Hochwald 1984

Hochwald, bloc 2, en 1984.

 

T81 13 Schoen79

Schœnenbourg, bloc 5, la machinerie du monte-charge en 1979.

  

   Documentation
  • Table de tir sommaire pour l'utilisation du projectile Stockes-Brandt FA 32 dans les matériels de 81 mm modèle 1932. Note n° 23 du 30 mars 1936.
  • Notice relative à la description et à l'entretien des mortiers de 81 Modèle 1932 de tourelle. 24 septembre 1936.
  • Notice relative à la description et à l'entretien du matériel de 81 Mle 1932 de casemate. 8 novembre 1935, 1936.
  • Instruction provisoire sur le service des pièces d'une tourelle armée de matériels de 81 mm. 17 novembre 1936.
  • Tables de tir des matériels de 81 modèle 1932 de casemate ou de tourelle. Projectile de 81 FA Mle 1936 RF. 7 novembre 1938.
  • Notices inédites du Lt-col. Georges Collin.

 

   Remerciements

À Jean-Marc Birsinger, Rémi Fontbonne, Dominique Kemmel, Eric Klamerek, Fritz Lerch, Michel Mansuy, Jean-Yves Mary, Yves Noël, Jean-Louis Nospeld, Francis Novelli, Michel Truttmann, et l'association Le Tiburce Ouvrage Immerhof pour leurs contributions respectives.

 

                                                                                                                                                                                            Fin

 

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