Ligne Maginot - A la frontière suisse, le dernier maillon sud
La position du Glaserberg
Le Glaserberg : vu en direction du sud, le blockhaus du Grand Kohlberg Nord et ses vues exceptionnelles domine le plateau et la ferme du même nom. Au fond, le territoire suisse.
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Dans les années 1930 l'organisation de la défense du sud de l'Alsace n'a pas vraiment été un long fleuve tranquille. La défense du Rhin, de Lauterbourg au nord aux approches de la frontière suisse au sud, réalisée pour l'essentiel par la CORF de 1930 à 1934 #1104 casemates et 25 abris du type CORF, auxquels se sont ajoutés après 1935 plusieurs centaines de blockhaus plus légers. CORF : Commission d'Organisation des Régions Fortifiées, l'organe qui a construit la Ligne Maginot de 1927 à 1935., s'arrête au sud à Hombourg, laissant un vide de 12 km jusqu'à la frontière franco-suisse. Les traités de 1815 interdisent en effet de construire des fortifications dans un périmètre de trois lieues autour de Bâle #2Toutefois, dès la déclaration de guerre le 3 septembre 1939, toute la région dite des Trois Frontières (donc très en avant de la ligne principale STG) va se couvrir – avec l'accord tacite des Suisses – d'un nombre incalculable de "petits bétons" de tous types. Ils subsistent encore aujourd'hui en grande partie.. L'avènement du nazisme en 1933 et la montée des périls incitent néanmoins les états-majors à planifier en 1934 un prolongement en arc de cercle autour de Bâle qui deviendra la bretelle STG Kembs–frontière suisse #332 casemates d'infanterie, 7 casemates d'artillerie à 2 x 75 et une multitude d'organisations plus légères. STG : c'est la Section technique du Génie qui a conçu les plans des ouvrages.. Construite de 1936 à 1940 cette position s'étendra à travers les collines du Sundgau sur une trentaine de kilomètres depuis Kembs sur le Rhin jusqu'aux premiers contreforts du Jura alsacien.
Enfin, au début de 1939 le haut-commandement, n'excluant pas un débordement ennemi au sud par le territoire suisse, décidait la construction d'un nouveau prolongement couvrant le massif du Glaserberg, un chaînon jurassien s'élevant jusqu'à la cote 800 et faisant face au territoire helvétique tout au sud de l'Alsace. C'est de cette petite position, ultime maillon à l'extrémité sud de la Ligne Maginot du Nord-Est, qu'il sera question ici.
Le programme Glaserberg de 1939
Les plans des constructions sont établis au printemps de 1939 par les chefferies locales du génie à Belfort et Mulhouse et les travaux lancés dans le courant de la même année. Ils ne seront pas terminés au moment de l'offensive allemande de mai-juin 1940. Le programme prévoit de l'est à l'ouest du massif, soit sur un front de huit kilomètres, une quarantaine d' "ouvrages" répartis en 26 blockhaus actifs, trois observatoires, 10 abris, reliés par des réseaux de barbelés, ainsi qu'un ensemble de routes stratégiques, radiales nord-sud et rocades parallèles à la crête du massif #4Voir la carte militaire renseignée datée du 26 août 1939 qui précise en marge que " Les ouvrages du Glaserberg entre le Blochmont et la Verrerie sont en construction plus ou moins avancée "., et un réseau téléphonique enterré. Parmi les "ouvrages" tous ne seront pas construits, d'autres, généralement très modestes, voire sommaires, seront ajoutés au programme initial et construits.
Les blockhaus
Les "ouvrages" actifs seront en fait des petits blockhaus de 40 à 120 m3 de béton pour les plus gros, armés d'une ou deux mitrailleuses, un ou deux FM, mais ni arme antichar, ni, évidemment, la moindre artillerie. Leur degré de protection est des plus variables : les épaisseurs de béton vont de 0,50 m à 0,90 m pour les dalles de toiture, de 0,80 m à 1,25 m pour les piédroits (murs) frontaux, de 0,50 à 1 m pour les murs arrières. Si les mêmes normes de construction se retrouvent plus ou moins d'un bloc à l'autre, il n'y a pas de plan-type et rarement deux blocs identiques. Près de la ferme du Blochmont deux constructions se distinguent des autres : il s'agit de deux coupoles type 7e Région pour une mitrailleuse. Ce sont des ouvrages presque totalement enterrés donc peu visibles, constitués d'une entrée en descente avec escalier, d'un petit couloir et de la chambre de tir cylindrique sous coupole bétonnée mince.
À quelques exceptions près peu d'équipements métalliques fixes – portes, trémies d'embrasure, blindages, affûts, lits, etc. – ont été installés sur les blockhaus et abris du Glaserberg. On peut donc supposer que des portes et autres équipements en bois ont été ajoutés par la troupe en 1939-1940. On trouve quand même ça et là quelques portes métalliques légères (non blindées) et de petites trémies dans certains créneaux secondaires pour FM ou mousqueton. Les créneaux mitrailleuse restaient béants. Par contre, selon les traces qui demeurent de boîtiers téléphoniques marqués TM #5Téléphonie militaire., il semble bien que le réseau téléphonique était opérationnel en 39/40. Enfin, le chauffage était assuré par des poêles réquisitionnés dans les fermes et villages vidés de leurs habitants après l'évacuation des populations civiles en septembre 1939.
Les abris
Les abris du programme, quand à eux, sont de simples parallélépidèdes à deux entrées symétriques, pourvues de deux petits créneaux de défense rapprochée, et constitués d'une seule chambre. Leur protection ne dépasse pas 0,50 mètres de béton, voire 0,30 mètre.Il semblerait qu'il y ait en gros deux types d'abris : petit modèle (environ 5 à 6 mètres x 4,50 mètres) et grand modèle (9 x 5 mètres). En fait ici non plus pas de plan-type et dimensions variables d'un abri à l'autre : de 6,56 x 4,55 mètres à 5,60 x 4,50 mètres pour les abris petit modèle. Les abris ajoutés au programme sont de simples niches en tôle métro recouverte de rocaille et de terre. Au-delà du pas de porte de 0,80 mètres, l'intérieur s'étend sur 6 x 2,60 mètres. Ces abris possédaient généralement une porte métallique légère (non blindée).
Les observatoires
L'observatoire du Blochmont, avec une emprise au sol de 6,40 x 4,85 mètres et des murs extérieurs d'un peu plus d'un mètre, reste approximativement dans les normes des blockhaus actifs. Il possède une entrée en chicane avec créneau de défense rapprochée, un espace de repos de 2,60 x 2 mètres au plus, suivi du poste d'observation de 2,80 x 1,15 mètre au plus. Deux créneaux d'observation d'axes divergents de 60-70° s'y ouvrent. L'observatoire du Grand Kohlberg relève à peu près des mêmes normes.
Tous ces travaux ont été effectués par la troupe sous la direction de spécialistes du Génie, entre autres du 10e RG. Outre les blockhaus, le réseau de routes stratégiques et les lignes téléphoniques enterrées on retrouve sur le massif de nombreuses traces de ces travaux sous la forme de ponts, murs de soutènement, citernes, sources captées et autres points d'eau qui témoignent de l'ampleur du programme d'organisation du terrain. Ces travaux avaient d'ailleurs été déjà commencés en 1938.
Témoignages en dur des travaux d’organisation du secteur par le 10e Génie et le 60e RI.
(Photos J.M. Birsinger / AALMA)
Le blockhaus de La Verrerie
L'un des blockhaus de la série, celui de La Verrerie, émerge tant soit peu du lot par une particularité : il possède en effet une casemate Pamart frontale, un réemploi d'un cuirassement conçu en 1916 par le capitaine du génie Pamart pour renforcer les forts de Verdun. Il s'agit d'une sorte de coupole en acier moulé et blindée jusqu'à 15 cm, pourvue de deux embrasures pour mitrailleuse séparées par une sorte de nez de protection #6Une 2e coupole du même type existe encore dans le Sundgau sur la casemate STG Knoeringue-Est. Quelques autres, inutilisées en 1914-1918, ont également été installées en Lorraine et dans les Alpes entre 1935 et 1940.. Ce modeste blockhaus a aussi l'insigne honneur d'être le tout dernier ouvrage à l'extrémité sud de la Ligne Maginot dans le Nord-Est.
Bilan
Au total sur la quarantaine de blockhaus et abris en projet, seuls 34 ont été effectivement construits sinon achevés, dont 22 seulement du programme de 1939. Parmi les quelques 18 non construits, deux ont été ébauchés. La position du Glaserberg comporte donc, effectivement construits, 15 blockhaus, 16 abris et 3 observatoires. Cette réalisation un peu hors normes par sa modestie découle bien de l'esprit du moment dans les milieux militaires qui était de placer un maximum d'armes sous béton en vue d'une guerre de positions comme en 1914-1918.
En 1939-1940, au début de la guerre, en plus du 12e RIF #7RIF, régiment d'infanterie de forteresse qui tient la partie sud du Secteur fortifié d'Altkirch, diverses autres unités d'infanterie et d'artillerie ont cantonné dans le secteur, entre autres : d'octobre à février la 31e D.I., d'octobre à juin la 2e Brigade de Spahis, en mai-juin 1940 la 57e D.I. Une partie de ces unités a participé aux travaux d'organisation du Glaserberg. De septembre 1939 à juin 1940 c'est essentiellement le 2e bataillon du 12e RIF qui tient le Glaserberg.
Pourquoi la position du Glaserberg s'arrêtait-elle à La Verrerie et pouvait-elle à elle seule empêcher un débordement ennemi de la Ligne Maginot par le territoire helvétique ? Probablement pas mais sans doute comptait-on aussi primo sur l'obstacle que constituait le massif du Jura, secundo sur la résistance de l'armée suisse, tercio sur ses propres fortifications proches de la frontière #8Rappelons l’existence à proximité sur territoire suisse des ouvrages d’infanterie de Kleinlützel et des Rangiers, ainsi que du fort d’artillerie de Plainbois (2 canons de 75)..
En conclusion, cette faible position ne pouvait donc que jouer le rôle d'une ligne d'avant-postes et d'alerte, à la rigueur de soutien à la troupe cantonnée sur le massif et destinée à stopper d'éventuelles infiltrations venues de Suisse... On est bien loin des grands projets de la CORF qui, en 1934, proposaient la réalisation sur la crête du massif, entre les fermes du Blochmont et du Hornishof, d'un grand ouvrage d'artillerie à plusieurs blocs reliés et avec tourelles de 75 et de 81...
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Position du Glaserberg
Liste des blockhaus et abris construits et ajournés.
Sous toutes réserves : la densité de la végétation pouvant éventuellement masquer des constructions de faible ampleur ou seulement ébauchées. En rouge les blockhaus et abris qui existent ou ont existé.
- Blockhaus Birgmatte-Nord #1Désignés Gebirgsmatte sur les cartes militaires renseignées du 26 août 1939.
- Blockhaus Birgmatte-Sud #1Désignés Gebirgsmatte sur les cartes militaires renseignées du 26 août 1939.
- Abri de la Birgmatte (non construit, seul le radier a été coulé)
- Blockhaus I de Birgmatte-Ouest (non construit)
- Blockhaus II de Birgmatte-Ouest (non construit)
- Abri du Blochmont (non construit)
- Blockhaus du Blochmont-Est
- Blockhaus du Blochmont-Centre (non construit)
- Coupole Nord du Blochmont
- Coupole Ouest du Blochmont
- Observatoire du Blochmont #2Désigné Blockhaus du Blochmont-Ouest sur les cartes militaires renseignées.
- Abri (PC)
- Abri (PC)
- Blockhaus Steiner-Nord
- Blockhaus Hornis-Est
- Observatoire du Hornis #3Construction sommaire en remplacement du bloc désigné Blockhaus du Chalet sur les cartes militaires et non construit.
- Blockhaus C1 (non construit, seul le radier a été coulé)
- Blockhaus C2 (non construit)
- Blockhaus C3
- Abri
- Abri (PC Neuneich)
- Abri (id.)
- Abri (id.)
- Abri (id.)
- Abri (id.)
- Blockhaus C4 (non construit)
- Blockhaus C5 (non construit)
- Blockhaus C6 (non construit)
- Blockhaus C7 (non construit)
- Blockhaus C8 (non construit)
- Abri (sous réserve, n'a pas été retrouvé à ce jour)
- Abri (non construit)
- Blockhaus C9 (non construit)
- Blockhaus C10
- Blockhaus C11 (non construit, seul le radier a été coulé)
- Blockhaus du Grand-Kohlberg-Nord
- Abri
- Observatoire du Grand-Kohlberg #4Désigné Blockhaus du Grand-Kohlberg-NO sur les cartes militaires.
- Blockhaus du Ravin (non construit)
- Abri (PC de La Charrière)
- Abri (id.)
- Abri (id.)
- Abri (id.)
- Abri (id.)
- Blockhaus "Caporal Trabach"
- Blockhaus du Pfaffenloch-NE
- Abri
- Blockhaus du Pfaffenloch-Nord (non construit)
- Blockhaus de La Verrerie (possède une casemate Pamart frontale)
- Blockhaus Nord du Saegerkopf
- Blockhaus Est du Saegerkopf.
Position STG (extrémité sud de la bretelle Kembs-Glaserberg, 1936-1940)
114 Blockhaus de Raedersdorf (casemate d'infanterie à 2 cloches GFM)
115 Casemate d'artillerie de Raedersdorf (2 canons de 75 Mle 97/33)
116 Blockhaus de Brochritty-Est
117 Blockhaus de Brochritty-Sud (allégé).
Carte militaire renseignée 26/8/1939
Extrait de la carte militaire renseignée au 1:50 000, feuille de Ferrette, datée " mise à jour le 26 août 1939 ". On y remarque, en surcharge rouge, l'ensemble des blockhaus, observatoires et abris en projet au programme de 1939, ainsi que le réseau de routes stratégiques, radiales et rocades, d'accès au Glaserberg par le nord. Tous les blocs bétonnés n'ont pas été construits tandis que d'autres ne figurant pas sur cette carte ont été ajoutés au programme initial. Les petits triangles rouges représentent les observatoires d'artillerie. À noter aussi, entre Ligsdorf et Raedersdorf (en haut et à droite), le fort point d'appui de Hippoltskirch qui devait défendre un carrefour routier et les arrières du Glaserberg.
Carte reconstituée
Essai de reconstitution de l'ensemble de la position du Glaserberg comportant les blockhaus, abris et observatoires construits et non construits. Les numéros reportent à la liste donnée ci-dessus.
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Plans d'ouvrages
Blockhaus Birgmatte-Nord
Plan du premier blockhaus à l'est de la série Glaserberg. Il dépasse à peine 5 x 5 mètres et était prévu pour une mitrailleuse et un FM. À noter : une entrée en descente avec escalier et un petit créneau de défense de cette entrée. Murs de moins d'un mètre. Avec son symétrique le bloc sud il avait pour mission l'interdiction du vallon de la Birgmatte et donc l'accès au Glaserberg par l'est. Plan de Christophe Agry.
Blockhaus Pfaffenloch-NE
Plan de l'un des plus grands blockhaus construits de la série Glaserberg. Dans sa plus grande dimension, murs en ailes inclus, il s'étend sur 10 mètres pour une largeur de 6 mètres. Son mur frontal a une protection d'un mètre, les murs arrières un peu moins. Il était prévu pour deux mitrailleuses en flanquement des blocs voisins et un FM – bizarrement placé – pour sa propre défense vers l'arrière. À remarquer : les fosses à douilles sous les créneaux mit., une entrée en chicane, une issue de secours à côté de l'entrée (!) et le petit espace de repos central (2 x 2 m...). Plan de Christophe Agry.
Blockhaus C1
Avec ses 12 mètres d'envergure, murs en ailes compris, et une largeur de 5 mètres le blockhaus C1 – malheureusement non construit ! (seul son radier a été coulé) – devait être sans doute le plus grand de la série avec plus de 120 m3 de béton. On peut remarquer sur ce plan l'épaisseur de la dalle de toiture (0,90 m), celle du mur frontal (1,25 m) et des murs avec créneaux et arrières (1 m). À noter aussi l'entrée en chicane pourvue d'un créneau de défense, l'issue de secours en hauteur, l'espace de repos avec sièges et lits rabattables. La rocaille de part et d'autre du bloc – ou dalle d'éclatement – doit empêcher un projectile d'exploser sous le blockhaus. Plan du col. Philippe Truttmann.
Blockhaus C3
Avec 5,70 x 4,80 mètres hors tout et 40 m3 de béton, c'est l'un des petits blocs du programme. Prévu pour une mitrailleuse et un FM, il possède une entrée en chicane avec créneau de défense et des coins repos avec un lit et des tabourets. C'est l'un des deux seuls blockhaus construits de la série C. Les plans des blockhaus non construits C2 à C9 sont plus ou moins analogues à celui-ci. Plan du col. Ph. Truttmann.
De dimensions analogues à C3 (5,50 x 4,90 mètres, 42 m3 de béton), ce petit blockhaus n'était prévu que pour deux FM. Les murs exposés ne dépassent pas une protection de 0,80 mètre, la toiture à peine 0,50 mètre. Il devait assurer la liaison avec ses deux proches voisins, C9 et C11, mais ceux-ci n'ont pas été construits. Plan du col. Ph. Truttmann.
Blockhaus C11
Bien qu'il n'ait pas été construit, le plan de ce blockhaus, l'un des "grands" de la série, mérite attention. Avec une emprise au sol de 8 x 4,85 mètres, 115 m3 de béton, des murs exposés de 1,25 mètre, une dalle de toiture de 0,90 mètre, il devait abriter une mitrailleuse et deux FM. On peut aussi remarquer, avec ses deux lits, l'espace de repos central où s'ouvre l'issue de secours. Plan du col. Ph. Truttmann.
Blockhaus 'Trabach'
Le plus petit de tous les types de blockhaus du Glaserberg n'était pas prévu au programme de 1939. Avec ses 3 mètres de diamètre et des murs de 0,80 mètre c'est plus une guérite bétonnée qu'un véritable blockhaus. Il existe en trois exemplaires, un au nord-est de la ferme du Pfaffenloch, deux au Saegerkopf, au sud du Petit Kohlberg. Le premier des trois est orné d'une plaque en ciment, aujourd'hui hélas bien dégradée, dédiée au caporal Trabach du 15e BCA qui a probablement construit le bloc en 1940. Plan de Christophe Agry.
Un exemple d'abri-PC, celui de La Charrière, au sud-est de Winkel : un simple local sous protection de murs de moins de 0,50 mètre de béton. Il s'étend sur 9 x 5 mètres hors tout ce qui en fait l'un des plus grands abris du secteur. Les deux entrées symétriques, probablement munies de portes en bois à l'époque à défaut de portes blindées non livrées, étaient défendues par deux petits créneaux parfaitement symboliques mais réglementaires. Plan de Christophe Agry.
Blockhaus de La Verrerie
Plan du dernier blockhaus à l'ouest de la série Glaserberg, celui de La Verrerie. Son dessin relève des mêmes normes que les autres grands blockhaus du programme avec une exception : l'ajout d'un coupole Pamart frontale. Il était prévu pour deux mitrailleuses et un FM, plus mitrailleuse et/ou FM dans la coupole Pamart. Ses dimensions externes sont de 10 x 7 mètres, avec des murs frontaux de 1,25 m, arrières et latéraux de 0,80 à un mètre au plus. (Extrait de : J.B.Wahl, " 200 km de béton et d'acier – la Ligne Maginot en Alsace ", Editions Gérard Klopp, Thionville, 2013).
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Les photos, d'est en ouest
La casemate STG allégée de Brochritty-Sud est le dernier des 39 ouvrages de la bretelle STG Kembs-Glaserberg. Elle marque en quelque sorte la charnière entre les deux positions fortifiées du Sundgau. (n° 117 sur la carte reconstituée. Photo de Félix Dimitric).
Le blockhaus Birgmatte-Nord est le premier à l’est de la série “Glaserberg 1939”. Avec son symétrique Sud il défendait le vallon de la Birgmatte et donc les accès au massif par l’est. C’est un modeste blockhaus dont on voit ici l’entrée en tranchée avec son petit créneau de défense et le créneau principal, resté dépourvu de tout blindage, pour une mitrailleuse. A remarquer, une particularité unique, la niche réalisée sous l'escalier d'accès et destinée à stocker munitions, vivres, outillage, barbelés, etc. (C’est le n° 1 sur la carte reconstituée de la position. Voir plan de ce blockhaus ci-dessus. Photos de Félix Dimitric).
Le rudimentaire blockhaus de la Birgmatte-Sud devait croiser ses tirs avec son homologue Nord (n° 2 sur la carte reconstituée. Photo JM Birsinger/AALMA).
Le blockhaus Blochmont-Est vu sous toutes ses façades et créneaux, dont l’entrée bien défilée à l’arrière. Si le créneau principal est resté non équipé, les créneaux secondaires ont reçu des petites trémies parfois même dotées d’un volet mobile de fermeture. Les petites planchettes semblent être d’origine (n° 7 sur la carte reconstituée. Photos Félix Dimitric et JM Birsinger/AALMA).
La coupole Nord type 7e Région du Blochmont et son homologue Sud sont les deux seuls ouvrages de ce type sur le Glaserberg. C'est cependant le type de blockhaus le plus répandu sur le front d'Alsace, des confins du Sundgau à la forêt de Haguenau, voire au-delà. Il est enterré aux 9/10e, presqu'invisible une fois camouflé, peu vulnérable et donc quasiment parfait en terme de fortification légère. Il existait en deux versions, l'une pour une mitrailleuse, l'autre pour un canon de 47 de marine à usage antichar. La coupole Sud est aujourd'hui presque totalement remblayée. (Coupole Nord = n° 9 sur la carte reconstituée, n° 29 sur la carte militaire. Photo de Félix Dimitric).
L'observatoire d'artillerie du Blochmont au fil des saisons... et ses deux postes d'observation renforcés par des lattes métalliques (n° 11 sur la carte reconstituée. Photos de Félix Dimitric et JM Birsinger/AALMA).
Le blockhaus Steiner-Nord, son entrée et son créneau principal pour une mitrailleuse, protégé des coups directs ou d’écharpe par un mur en aile de flanquement. Remarquer au pied de ce créneau la goulotte d’évacuation des douilles dans une fosse (n° 14 sur la carte reconstituée. Photos de Félix Dimitric).
Avec ses 9,50 mètres d’envergure, murs en aile compris, le blockhaus de Hornis-Est est à classer parmi les plus grands. Il a la particularité d’être le seul à avoir conservé sa porte métallique légère, c’est à dire non blindée, si tant est qu’elles ont été installées ailleurs.... (n° 15 sur la carte reconstituée. Photos de Félix Dimitric et JM Birsinger/AALMA).
L’observatoire du Chalet (ou du Hornis) est une exception parmi la série Glaserberg. A défaut de l’observatoire prévu et qui devait être conforme à ceux du Blochmont et du Grand-Kohlberg mais n’a pas été construit, la MOM #9Main d’oeuvre militaire a réalisé ici une construction sommaire, enterrée aux 9/10e, constituée d’une mince toiture en béton soutenue par de la tôle métro cintrée. La construction est aujourd’hui effondrée, comblée et impénétrable (n° 16 sur la carte reconstituée. Photo de Félix Dimitric).
Perdu en forêt au coeur du dispositif, à la cote 750 en contrebas du col des Neuneich, le blockhaus C3 appartient, avec ses 5,70 x 4 mètres hors tout, à la série des petits blocs. On remarque que l’entrée est du même côté que le créneau principal, que celui-ci est resté non équipé comme ailleurs mais que le créneau FM a bien reçu son petit blindage d’embrasure. (n° 19 sur la carte reconstituée. Photos de JM Birsinger /AALMA).
Submergé par la végétation et également perdu dans la forêt, cet abri-PC est situé à une centaine de mètres au nord du blockhaus C3. Il est du type “petit modèle” . On peux noter à l’intérieur les deux petits créneaux de défense des entrées ainsi que deux autres ouvertures pour la ventilation et le chauffage (n° 20 sur la carte reconstituée. Photos de JM Birsinger/AALMA).
Sur les six abris de l’ensemble des abris-PC du col du Neuneich quatre sont en ruines mais deux restent intacts : un abri à deux entrées symétriques type “grand modèle” et un abri en tôle métro. Les vestiges de l'un des abris légers possèdent toujours la cheminée d'origine et même un système mixte chauffage/ventilation bien visible (nos. 21 à 25 sur la carte reconstituée. Photos de JM Birsinger/AALMA et Félix Dimitric).
Le petit blockhaus C10, lui aussi perdu dans la forêt et difficile à localiser, ne possède que deux créneaux pour FM mais pourvus de leur petit blindage d’embrasure. Il devait cependant être appuyé par ses deux proches voisins C9 et C11, malheureusement non construits (n° 34 sur la carte reconstituée. Voir plan ci-dessus. Photos de Félix Dimitric).
Le blockhaus du Grand Kohlberg Nord (no. 36 sur la carte reconstituée) est l'un des rares à demeurer en terrain parfaitement dégagé. En gros plans, ses deux créneaux, principal pour mitrailleuse et secondaire pour FM, dont la finition laisse nettement à désirer... A travers ce dernier, remarquables vues sur le plateau, la ferme du Gd Kohlberg et le Jura suisse proche (photos de JM Birsinger/AALMA et Félix Dimitric).
L'observatoire du Grand Kohlberg ressemble comme un frère à son homologue du Blochmont (no. 38 sur la carte reconstituée). Pour une protection frontale renforcée, ses deux postes d'observation sont également doublés d'acier (photos de JM Birsinger/AALMA).
Lui aussi noyé dans la végétation et vu ici “dans son jus”, l’abri-PC du Grand Kohlberg est du type “petit modèle”. Il est totalement vide de tout équipement mais a miraculeusement conservé sa cheminée d’origine ! (n° 37 sur la carte reconstituée. Photo de Félix Dimitric).
Abris-PC de La Charrière – vue d’ensemble partielle de ce groupe d’abris-PC situé entre Winkel et le plateau, le plus complet, le mieux préservé et le plus accessible de tout le massif du Glaserberg. On y voit deux des quatre abris en tôle métro et, au fond, se devine l’abri bétonné principal à deux entrées (nos. 40 à 44 sur la carte reconstituée. Photo de Félix Dimitric)
Abris-PC de La Charrière – l’abri principal de cet ensemble est du type “grand modèle”. Sa façade s’étend sur 9 mètres. L'intérieur n’est plus qu’une grande chambre vide, au plafond doublé d’acier afin d’éviter un décollement de béton en cas d’impact direct (n° 40 sur la carte reconstituée. Voir plan ci-dessus. Photos de Félix Dimitric et JM Birsinger/AALMA).
Abris-PC de La Charrière – photos des quatre abris en tôle métro, tous relativement bien conservés. L’intérieur n’est qu’une chambre de 6 x 2,60 mètres permettant d’abriter une partie des personnels du PC. A remarquer sur le mur du fond, l’ingénieux système mixte de ventilation/chauffage. Les abris en tôle métro, de construction rapide et ne demandant même pas l’emploi de béton étaient très répandus sur tous les fronts en 1939-1940. Les Allemands ont récupéré de grandes quantités de tôle métro en 1940 et les ont réemployées sur le Mur de l’Atlantique (nos. 41 à 44 sur la carte reconstituée. Photos de JM Birsinger/AALMA et Félix Dimitric).
La Charrière – De nombreuses autres traces de la présence des troupes en 1939-1940 demeurent sur le massif tels cet abreuvoir pour chevaux (et hommes ?) ainsi que la fameuse étoile des Marocains du 8e RTM (régiment de tirailleurs marocains qui appartenait à la 13e DI). (Photos de Félix Dimitric).
Vue actuelle du site d'implantation du blockhaus Trabach en défense de l'accès à la forêt en direction de Winkel tout en flanquant le blockhaus voisin Pfaffenloch-NE. (n° 46 sur la carte reconstituée. Photos de Félix Dimitric).
Le blockhaus Trabach et sa plaque en ciment encore intacte. (n° 45 sur la carte reconstituée. Photos Michaël Séramour).
Deux vues rapprochées du bloc Trabach aujourd'hui avec crépi et plaque cimentée bien dégradés. Effet du gel ou vandalisme ? (n° 45 sur la carte reconstituée. Photos Félix Dimitric).
Gros plan sur la plaque dédiée au caporal Trabach du 15e BCA. Décédé en février 1940 en Moselle, un mois avant l'arrivée du 15e BCA dans le Jura alsacien, ce soldat n'est donc jamais venu sur ces lieux (n° 45 sur la carte reconstituée. Photos Félix Dimitric).
Vue depuis le blockhaus Trabach (n° 45 sur la carte reconstituée) en direction du sud et vers le blockhaus Pfaffenloch-NE éloigné d'à peine 200 mètres (photo de Félix Dimitric).
Deux vues de la façade arrière du Blockhaus Pfaffenloch-NE avec son créneaux principal vers l'est et l'entrée (n° 46 sur la carte reconstituée. Photo JM Birsinger/AALMA).
Blockhaus Pfaffenloch-NE - vues du mur frontal et du mur en aile est qui masque le créneau principal. Normalement ce mur frontal doit être invisible sous un talus de rocaille et de terre engazonnée (n° 46 sur la carte reconstituée. Photos de Félix Dimitric).
Blockhaus Pfaffenloch-NE - les créneaux principaux est et ouest et l'une des fosses à douilles (n° 46 sur la carte reconstituée. Photos JM Birsinger/AALMA).
Blockhaus Pfaffenloch-NE - à gauche, l'un des créneaux mitrailleuse vu de l'intérieur. Les deux niches ménagées de part et d'autre étaient destinées au scellement d'un blindage... qui n'a jamais été livré. Quant à la niche sous le créneau elle devait servir au calage des pieds antérieurs de l'affût-trépied Hotchkiss Mle 1916 de la mitrailleuse. Sur la photo de droite on voit l'issue de secours et les encoches prévues pour le scellement d'un portillon blindé lui non plus jamais installé (n° 46 sur la carte reconstituée. Photos JM Birsinger/AALMA).
L'abri du Pfaffenloch est du type "petit modèle" (n° 47 sur la carte reconstituée. Photos JM Birsinger/AALMA).
Le blockhaus nord du Saegerkopf est une "miniature" identique au blockhaus Trabach. Il devait assurer la défense d'un thalweg montant de la frontière (n° 50 sur la carte reconstituée. Photos Félix Dimitric).
Le blockhaus sud du Saegerkopf est du même modèle et carrément pointé vers la frontière et la Suisse ! Casus belli ? (n° 51 sur la carte reconstituée. Photos Félix Dimitric).
Vue de ¾ arrière du blockhaus de La Verrerie qui est le dernier ouvrage à l'extrémité sud de la Ligne Maginot. Les trois ouvertures visibles sont de droite à gauche : créneau mitrailleuse, créneau FM, issue de secours. L'entrée se trouve au pied de l'arbuste à gauche. À l'arrière plan s'étend vers l'est le plateau du Glaserberg et à l'extrême droite se devine la ferme de La Verrerie. (n° 49 sur la carte reconstituée).
Photo de gauche : le même blockhaus vu du côté est. Créneau mitrailleuse à droite, mur en aile au 1er plan et casemate Pamart à gauche. Photo de droite : vue en gros plan de la casemate Pamart frontale, une relique de 1914-1918 réemployée en 1939.(n° 49 sur la carte reconstituée).
Pour conclure la série des ouvrages du Glaserberg, ci-dessus une dernière vue – actuelle – du blockhaus de La Verrerie, ultime maillon (libre) d’une longue chaîne de fortifications déployée sur 700 km des rivages de la mer du Nord à la frontière franco-suisse (n° 49 sur la carte reconstituée. photo de JM Birsinger/AALMA).
Dernières et émouvantes traces de la présence des troupes sur le Glaserberg en 1939-1940.
Barrage antichar au petit col entre Winkel et Lucelle : quelques rails subsistent du côté ouest de la route tandis qu'un fossé antichar reste visible du côté est (Photos de Félix Dimitric et JM Birsinger/AALMA).
Non loin du secteur de La Charrière, au sud de Winkel, demeure cette citerne en béton adjointe d'une petite fontaine sur un côté(photos de Félix Dimitric et JM Birsinger/AALMA).
Dans les parages du col de Neuneich c'est une petite source captée qui reste visible ainsi que sa dalle gravée d'un trèfle (Photos de Félix Dimitric).
Et pour terminer, un appel à la ronde : qui pourrait identifier et localiser cette dalle gravée d'un coeur et sur laquelle on peut lire " 60e RI - Juin 1939 avec le soleil - 1/8... " (?). Elle serait située dans les alentours du Neuneich. A bon entendeur ! (Photo extraite d'un article de presse de 1973).
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Remerciements
Vifs remerciements à Christophe Agry, Jean-Marc Birsinger, Félix Dimitric et Michaël Séramour pour leurs précieuses contributions.