Les trois forteresses du Réduit
Localisation des principales positions défensives
(forteresses, ouvrages importants, barrages)
citées dans le texte.
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Sargans
Le site de Sargans est un carrefour-clé de trois profondes vallées, l'une venant de la direction nord-ouest de et vers Zurich, les deux autres de l'amont et l'aval de la vallée du Rhin. L'amont permet un accès direct au Réduit tandis que l'aval marque la frontière avec le Lichtenstein et l'Autriche. À l'exception des fortifications de 1830-1860 à Luzisteig (7 km à l'est de Sargans), rien n'avait été entrepris pour le contrôle de ce verrou majeur jusqu'à l'annexion en 1938 de l'Autriche par le Reich. Dès ce moment l'armée suisse mit les bouchées doubles et en quelques années se constitua autour de Sargans une puissante concentration d'ouvrages défensifs, soit pas moins de 10 forts d'artillerie et une multitude d'ouvrages d'infanterie et de barrages antichars.
Seuls les ouvrages d'artillerie apparaissent sur cette carte (à l'exception du PC Vild).
Le fort A6020 de Magletsch est l'un des quatre plus grands ouvrages d'artillerie de la forteresse de Sargans qu'il verrouille sur son flanc nord. Il est situé sur la commune d'Oberschan, à 6 km au nord-est de Sargans, sur une hauteur de la rive gauche dominant la vallée du Rhin.
Dès son entrée principale s'étend un véritable labyrinthe d'installations et de galeries souterraines, disposées sur deux étages et développées sur quelque 4000 mètres. Il possède un armement puissant soit :
- deux demi-batteries en casemates (batterie Ouest, 2 x 7,5 cm, batterie Est, 2 x 7,5 cm),
- trois tourelles de 10,5 cm,
- deux mortiers de 8,1 cm,
- huit mitrailleuses,
ainsi qu'une casemate d'instruction à deux obusiers de 10,5 cm.
Au niveau supérieur sont établies les installations techniques (salle des machines à 3 groupes Sulzer, ventilation/filtrage, etc.) et les magasins à munitions tandis qu'au niveau inférieur s'étend un vaste casernement, prévu pour près de 400 hommes, avec cuisines, réfectoires et infirmerie. En plus de son entrée principale (pour camions), l'ouvrage possède deux entrées secondaires et deux issues de secours.
Pour sa défense extérieure, les alentours de l'ouvrage sont truffés de fortins et petits ouvrages d'infanterie dont ses contre-ouvrages A6021 Brögstein et A6022 Wartau, la plupart restaurés par les soins de l'AFOM #1AFOM, Artillerie Fort Magletsch, www.afom.ch et en très bon état. Bien que l'armée l'utilise encore, le fort de Magletsch est régulièrement ouvert aux visiteurs.
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L'entrée principale, accessible aux camions.
Un labyrinthe de galeries de quelque quatre kilomètres se développe sur deux étages au-delà de l'entrée.
La salle des machines est équipée de trois groupes à moteurs Sulzer 6 cylindres en parfait état.
Le central téléphonique à 4 postes d'opérateurs. Les annuaires datent de 1993-1995.
L'une des nombreuses chambres de repos de l'ouvrage. La garnison du fort a compté jusqu'à 400 hommes.
L'un des deux canons de 7,5 cm 39 L30 de la batterie Ouest d'une portée de 11 kilomètres.
La galerie et l'escalier d'accès à l'une des tourelles de 10,5 cm, adjoints d'une imposante noria à munitions. Ce type d'installation est standard sur les 22 tourelles réalisées.
Mg 11 relevant du système Maxim à refroidissement par eau. Produite de 1915 à 1946, au calibre de 7,5 mm, elle avait une cadence de tir de 435-485 coups/minute.
Le mortier ou lance-mines de 8,1 cm 56/60 de forteresse est venu renforcer nombre de positions dans les années 1960. On le voit ici sous différents angles sous sa coupole blindée et la bouche à feu à l'extérieur.
L'une des trois tourelles de 10,5 cm sous son camouflage.
Au sommet du site émerge une cloche observatoire d'origine tchèque parfaitement dissimulée.
Les deux vastes embrasures de la batterie Est ont perdu leur panneau de camouflage. À la différence de la batterie Ouest, elles ne sont plus armées aujourd'hui.
Une double casemate d'instruction à deux obusiers de 10,5 cm s'ajoute à l'ensemble. Si nécessaire, ses feux pouvaient renforcer ceux du fort de Magletsch.
À peu de distance au nord de l'entrée principale du fort de Magletsch s'étend dans un éperon rocheux son contre-ouvrage nord, A6021 Brögstein, construit en 1940. C'est un ouvrage d'infanterie complet, doté de deux postes d'observation et de 4 mitrailleuses en deux casemates doubles. Il possède aussi un magasin à munitions, des locaux de cantonnement, une cuisine et un réfectoire, une petite salle des machines. Un 2e contre-ouvrage, A6022 Wartau, a été établi au sud-est du fort et avait deux mitrailleuses et un observatoire.
L'entrée de l'ouvrage de Brögstein ornée d'un écusson historique.
Un petit réseau de galeries relie les casemates Ouest et Est aux autres locaux de l'ouvrage.
Des baromètres affichent la différence de pression atmosphérique entre un sas et un secteur voisin.
Les postes d'observation, perchés en hauteur dans le rocher, sont accessibles par des puits verticaux.
Passage dans le secteur du cantonnement.
La salle des machines avec ses deux petits groupes électrogènes.
À moins de 2 km au sud du fort de Magletsch, dans un escarpement de la rive gauche, s'étend un 2e ouvrage important, construit de 1939 à 1946 et tout aussi étonnant : A6100 Schollberg. C'est un ouvrage mixte, infanterie/artillerie, constitué en fait de trois ouvrages, les Schollberg 1, 2 et 3, reliés entre eux par galeries et prévus pour un effectif total de 200 hommes environ. La mission de l'ensemble était la défense du barrage antichar de la vallée du Rhin et la couverture des ouvrages de la rive droite.
L'ouvrage nord, Schollberg I, est la partie artillerie de l'ensemble avec, sur deux niveaux, ses trois canons de 7,5cm 38/39 en casemate, deux blocs d'infanterie dont un avec antichar de 4,7 cm puis de 9 cm et projecteur, deux observatoires, une entrée principale et une issue de secours. Il possède aussi des installations de service (salle des machines, casernement avec cuisines, réfectoire et infirmerie, magasins à munitions).
L'ouvrage central, Schollberg II, avait essentiellement une mission antichar avec ses trois casemates pour 4,7cm puis 9 cm, une 3e avec un 24 mm, ainsi que 4 blocs mitrailleuses et 4 postes d'observation. Il possède aussi une salle des machines et un casernement, ainsi qu'une entrée propre.
Le Schollberg III, sur le flanc sud de l'ensemble, devait être un ouvrage d'artillerie mais a été converti finalement en un ouvrage d'infanterie. Il reste du premier stade un vaste magasin à munitions et une entrée matériels. Les quatre casemates prévues pour canons de 7,5 cm n'ont abrité en fin de compte que deux mitrailleuses, un canon AC de 9 cm et un FM. Il possède en outre une entrée personnels, un poste de projecteur et une issue de secours mais ni casernement ni salle des machines.
L'ensemble est donc constitué au total de 6 entrées et issues de secours, et 20 postes de combat, d'observation et de projecteurs. Le Schollberg est resté en activité jusqu'aux années 1990. En assez bon état mais sans armement (à l'exception d'une Mg 51 et d'un AC de 9 cm au Schollberg III visibles lors de visites sur demande), il est aujourd'hui géré par l'AFOM.
En 1993 le système défensif des barrages antichars de la vallée du Rhin à ce niveau a été renforcé par deux monoblocs Centurion installés à quelques centaines de mètres au sud de l'ouvrage III. Les deux monoblocs possèdent toujours leurs tourelles et sont visitables sur demande à l'AFOM.
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L'entrée de l'ouvrage 1 sous son camouflage tente de se confondre avec le rocher environnant. Curieusement cette entrée ne possède pas d'organe de flanquement.
L'entrée côté intérieur.
L'une des casemates de 7,5 cm, totalement vides aujourd'hui.
La salle des machines de l'ouvrage 1 a un peu vieilli. L'ensemble des trois ouvrages n'est plus entretenu depuis bien longtemps.
Des centaines de mètres de galeries relient les trois ouvrages.
Double poste de projecteurs dont l'un était à infrarouge.
La salle des machines du Schollberg II apparaît un peu en meilleur état.
L'une des casemates de mitrailleuses ne peut être atteinte que par ce puis vertical.
Cette large chambre de tir, prévue initialement pour de l'artillerie, a finalement été convertie en un simple poste d'observation et de défense rapprochée.
Un créneau voisin a été rééquipé d'un canon antichar de 9 cm 50 sur affût à pivot et glissière.
L'ouvrage III a conservé son entrée matériels initiale prévue pour un ouvrage d'artillerie. Sur la droite, l'entrée hommes et les créneaux de sa défense rapprochée.
Embrasure camouflée.
Situés sur la rive droite du Rhin, en face des ouvrages de Magletsch et Schollberg, deux autres ouvrages d'artillerie assuraient à ceux-ci le rôle de contre-ouvrages tout en couvrant aussi les barrages antichars de la vallée : Ansstein et Römerstrasse.
Construit entre 1938 et 1940 dans la falaise du même nom et sur la frontière même avec le Lichtenstein, l'ouvrage A6256 Ansstein possédait à l'origine deux 7,5 cm 1906 de montagne, remplacés en 1942 par deux antichars de 4,7 cm puis, dans les années 1950, par deux 9 cm. Il a été désarmé en 1990 pour devenir un simple ouvrage-abri de logement avant d'être totalement vidé en 2000.
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Vue d'ensemble de la falaise d'Ansstein. La frontière entre la Suisse et le Lichtenstein coupe la route locale au niveau des quatre poteaux puis grimpe à la verticale sur la paroi qu'elle divise en deux : Suisse à droite, Lichtenstein à gauche. Les embrasures de l'ouvrage sont à peine visibles (P. Wihler).
Trois vues de l'entrée, également située dans la falaise mais bien protégée des chutes de pierres (T. Schnyder).
Deux des diverses embrasures de l'ouvrage, toutes ouvertes en pleine paroi (T. Schnyder).
Dans le même secteur, 3000 mètres au sud-est d'Ansstein, sur une crête dominant les anciennes fortifications Dufour de 1830-1860 à St Luzisteig, a été réalisée en 1942-43 une batterie-caverne d'appoint, càd. de facture sommaire et prévue d'abord pour des pièces de campagne, l'ouvrage A6212 Römerstrasse (Voie Romaine). Armé d'abord de 4 x 7,5 cm, il reçut en 1951 quatre obusiers de 12 cm 12/39. Dans les années 1950-1960 il a été amélioré et modernisé. Enfin, il a été désarmé entre 1973 et 1985. L'ouvrage ne possède que quelques petits locaux (PC et cantonnement, local technique avec groupe électrogène, magasins à munitions) reliés par une galerie de 205 mètres. Il y demeure aujourd'hui un 7,5 cm de montagne sur roues et un obusier de 12 cm.
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L'issue de secours sert aujourd'hui d'entrée principale. Panneau de porte fermé, son camouflage la dissimule totalement.
L'entrée principale, qui n'est plus utilisée aujourd'hui, vue de l'intérieur.
Taillée en pleine roche et restée non revêtue, la galerie de liaison de 205 mètres.
Le groupe électrogène Weber bicylindre de l'ouvrage.
Deux vues de la pièce de 7,5 cm de montagne en place dans l'une des casemates. On remarque la rusticité de la chambre de tir.
Un obusier de 12 cm, roues enlevées, occupe une autre casemate de l'ouvrage (A. Pérouffe).
Le couloir de St Luzisteig constituait le champ de tir de la batterie de la Römerstrasse. Au fond et au centre, la falaise d'Ansstein. Plus loin au fond, la vallée du Rhin et, au pied du massif opposé, la position de Magletsch (A. Pérouffe).
Parmi les innombrables et divers ouvrages fortifiés du secteur de Sargans, l'un d'eux, bien que de taille relativement modeste, mérite une attention particulière : le poste de commandement actif A6153 Vild. Situé à la sortie nord de Sargans, construit en 1940 avec deux casemates de mitrailleuses (2 Mg, un poste d'observation), il a été agrandi en PC de bataillon en 1942 puis encore agrandi en 1962. Déclassé en 2003 il a été ensuite pris en charge par la commune de Sargans et, demeuré en très bon état, peut être visité sur demande.
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Perdue dans la nature, l'entrée "camouflage" n'est pas l'entrée bétonnée de l'ouvrage qui, elle, se trouve quelques mètres plus loin à l'intérieur.
Le carrefour central du PC avec les lavabos et à gauche l'entrée du casernement principal (local technique, bureaux du PC, chambre de repos).
L'un des deux bureaux du poste de commandement (Kecko – Wikimedia).
Le central téléphonique de l'ouvrage et du PC (Kecko – Wikimedia).
Le local technique se résume à la ventilation filtrée, chauffée et deshumidifiée, pas de groupe électrogène (Kecko – Wikimedia).
Le second espace du casernement ne possède qu'un coin réfectoire et une chambre de repos à 18 places (Flickr).
La chambre de tir de la casemate de droite pour une Mg 11 puis Mg 51 mais sans arme aujourd'hui. La même casemate possède aussi un observatoire (Kecko – Wikimedia).
À 2 km à l'est de Sargans s'élève le rocher calcaire du Fläscherberg que le Rhin est obligé de contourner avant de bifurquer vers le nord. La face occidentale de ce rocher est une gigantesque falaise verticale, véritable nid d'aigle dominant la cuvette de Sargans et que n'ont pas manqué d'exploiter les fortificateurs. L'ouvrage A6225 de Tschingel, entièrement logé dans le rocher, a été réalisé en plusieurs étapes de 1940 à 1946, modernisé et complété de l'après guerre aux années 1990, en particulier en 1953, 1960 et 1987. Il est disposé sur quatre niveaux reliés par escaliers, ascenseur et plan incliné avec petit funiculaire. Enfin, il est ravitaillé par un téléphérique extérieur avec station d'arrivée en pleine paroi. Curieusement son équipage ne dépassait pas 160 hommes.
De bas en haut on trouve donc successivement :
- 1er étage : les entrées hommes et téléphérique, un poste d'observation et deux créneaux de défense dont un pour 7,5 cm.
- 2e étage : abrite l'essentiel, soit 4 embrasures pour 10,5 cm antichars et un observatoire, de grands magasins à munitions, la salle des machines et le casernement (logement, cuisines, réfectoires, infirmerie, réservoir d'eau).
- 3e étage : ne possède que deux observatoires et trois postes de mitrailleuses, ainsi qu'un casernement.
- 4e étage : deux postes d'observation et de direction du tir, deux projecteurs AA de 150 cm, un casernement avec la centrale de tir de l'ensemble du secteur de Sargans.
Déclassé en 2000, l'ouvrage est depuis 2005 aux mains d'une association privée qui le restaure et, sous conditions, en permet la visite #2N'entre pas qui veut à Tschingel, le ticket d'entrée étant vendu à prix d'or et apparemment réservé à une élite....
En pleine paroi du Fläscherberg, l'entrée téléphérique et matériel. On peut remarquer entre les deux câbles deux embrasures de 10,5 cm aménagées en balcons. Les autres embrasures ne sont pas visibles sous cet angle.
Gros plan au téléobjectif sur l'entrée téléphérique.
A gauche de l'entrée téléphérique, deux embrasures : l'une pour canon de 7,5 cm, l'autre avec poste d'observation, camouflages endommagés par des chutes de rochers. Plus haut dans la paroi s'ouvrent les deux embrasures modifiées en balcons.
Vue d'ensemble de la falaise du Fläscherberg avec ses multiples embrasures et au pied de laquelle coule le Rhin (M. Ammann).
Sur ces agrandissements on voit mieux les embrasures de l'étage 2 (artillerie de 10,5 cm antichar, observatoire, camouflages en place), de l'étage 3 (observatoire, mitrailleuses, issue de secours) et de l'étage 4 (observatoires, projecteurs) (M. Ammann).
En défense de l'accès par l'ouest au carrefour stratégique de Sargans, un ouvrage important a été réalisé dans la butte de Castels (ou Kastels), en limite ouest de la bourgade de Mels : le fort A6400 Kastels. Construit de 1939 à 1942, il possédait à son achèvement trois tourelles de 10,5 cm et deux canons de 7,5 cm. Durant la Guerre froide il reçut encore 4 mortiers de 8,1 cm et sa défense antiaérienne comptait 8 pièces de 20 mm. En outre sa défense extérieure était assurée par une trentaine de fortins et d'abris d'infanterie. La garnison de l'ouvrage seul atteignait 345 hommes. Ce fort, réalisé sur deux niveaux reliés par un ascenseur, véritable labyrinthe de 5,5 km, est toujours utilisé par l'armée, en particulier récemment pendant quelques années lors du Forum économique mondial de Davos. Il ne sert actuellement que de casernement et, jusqu'à nouvel ordre, ne peut être visité.
L'entrée (camions) du grand ouvrage de Castels. Sur la droite, Ste Barbe, patronne des artilleurs et des sapeurs veille sur l'ouvrage et son équipage (Paebi – Wikipedia).
À l'entrée et au poste de garde fait suite un immense hall de déchargement au fond duquel une plaque tournante permet le retournement des véhicules.
Des kilomètres de galeries perforent sur plusieurs niveaux le sous-sol du promontoire de Kastels.
D'interminables escaliers et parfois des puits équipés d'une simple échelle relient les galeries aux postes de combat et autres observatoires perchés dans les hauteurs.
L'une des 6 casemates de mitrailleuse de l'ouvrage.
Vers l'une des trois tourelles de 10,5 cm, le pied de la galerie d'accès et son système de noria à munitions. La tourelle est 234 marches et 47 mètres plus haut.
Située à l'étage supérieur, la salle des machines avec ses trois groupes SLM (*) à cinq cylindres. Sur la gauche, remarquer l'impressionnant tableau de commande. (*) Société suisse de construction de locomotives et de machines, Winterthur.
Les cuisines, situées à l'étage inférieur au niveau du casernement et modernisées, sont toujours utilisées.
Deux des quatre issues de secours.
Les tourelles de 10,5 cm 1 et 2, avec et sans camouflage (Wikipedia – Chr. Hurni).
L'une des trois tourelles de 10,5 cm sous son camouflage.
L'un des nombreux emplacements de DCA 20 mm autour des superstructures de l'ouvrage de Castels (Wikipedia – Magletsch).
En face du fort de Castels, en pleine falaise sur le versant nord de la vallée, a été implanté son contre-ouvrage, A6375 Passatiwand (ou plus simplement Passati), un ouvrage d'artillerie moyen avec ses deux canons de 7,5cm et 5 mitrailleuses. Une quinzaine de fortins assuraient sa défense extérieure ainsi que celle du barrage antichar local entre Castels et Passati. Construit de 1939 à 1941, abritant aussi un important PC régional, il est resté actif jusqu'en 1974. Son équipage était de 130 hommes.
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Vue d'ensemble de la paroi de Passatiwand avec ses embrasures maintenant dépourvues de camouflage. De droite à gauche: observatoire et deux mitrailleuses, observatoire d'artillerie, deux embrasures de 7,5 cm, 2 mitrailleuses. L'entrée, située plus à gauche, n'est pas visible ici (Kecko – Flickr).
Le secteur de l'entrée sous la neige. Sur la droite, le créneau de défense de l'entrée (Kecko – Wikipedia).
pont... fortifié (Kecko – Wikipedia).
C'est le 4e "grand" de la forteresse Sargans dont il constitue le verrou sud. Situé sur le plateau de Furggels qui domine de ses 1250 mètres la localité de Bad Ragaz et la vallée du Rhin, l'ouvrage A6355 Furkels est une forteresse à lui tout seul. Réalisé de 1939 à 1946, il s'étend sur deux niveaux reliés par un monte-charge et possède au total environ 4000 mètres de galeries. Son équipage atteignait 420 hommes (artillerie et technique 350 h, infanterie 70 h). Ses installations se répartissent comme suit :
étage supérieur
- une entrée camions terminée par une plaque tournante et défendue par 5 fortins et postes d'observation reliés,
- une tourelle de 10,5 cm à proximité,
- un magasin à munitions à proximité,
- la salle des machines (3 groupes Sulzer tricylindres),
- trois autres tourelles de 10,5 cm et leurs magasins à munitions,
- trois fortins de défense d'infanterie et postes d'observation reliés,
- une batterie de 4 casemates pour 15 cm et leurs magasins à munitions,
- deux ateliers (10,5 et 15 cm),
- trois issues de secours.
étage inférieur
- le casernement (chambres de repos, cuisines, réfectoires, infirmerie) ainsi que la centrale de tir,
- une issue de secours.
Déclassé en 2002, cet immense ouvrage a été acquis par une entreprise Festung Furggels dans un but à la fois touristique et gastronomique et ouvert aux visiteurs en 2010. Mais en 2018 il était de nouveau mis en vente et a été racheté par un particulier au début de 2019.
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Aussi discrète que possible tout en étant accessible aux véhicules lourds, l'entrée principale du fort de Furkels se dissimule sous un parfait camouflage. Cachés aujourd'hui sous la végétation, ses alentours sont truffés d'observatoires et de postes de mitrailleuses.
Un vaste hall de déchargement fait suite à l'entrée. Au premier plan, la plaque tournante de retournement des camions (doc. Festung Furggels).
Un poste de défense intérieur interrompt la galerie principale supérieure non loin de l'entrée principale.
la galerie file vers les œuvres vives (salle des machines, ateliers, tourelles, canons) tandis qu'à gauche elle s'enfonce vers le casernement, les cuisines, les réfectoires. 20 mètres de roche séparent les deux étages mais ils sont reliés par un monte-charge.
L'une des interminables galeries en escalier vers l'un des organes actifs en surface. Il s'agit de la galerie montant vers la casemate d'infanterie située au-dessus de la tourelle 4 et la plus élevée du dispositif. A noter que la totalité des galeries en roche nue est passée à la chaux.
Une puissante salle des machines (3 groupes à moteur Sulzer) et son vaste tableau de commande et de contrôle siègent au cœur de l'étage inférieur.
Une imposante batterie de filtres NBC s'étend à proximité de la salle des machines.
Toutes les galeries intérieures sont protégées par des sas étanches.
Le réfectoire principal. Au fond, les cuisines.
L'une des quatre galeries en plan incliné d'accès aux tourelles de 10,5 cm. Sur le côté gauche, la noria à munitions.
La tourelle de 10,5 cm n° 4 et son camouflage.
La tourelle de 10,5 cm n° 1. La toiture de camouflage laisse apparaître ici la quasi totalité de la coupole cuirassée.
Tourelle de 10,5 cm en cours de montage dans les années 1940 (doc. Festung Furggels).
Pièce de 15 cm BK 1942/46 L42 avant remontage.
Une pièce identique en position de tir dans son créneau (DR).
Le même type de canon de 15 cm ici dans l'une des quatre embrasures de l'ouvrage. Les chaînes sont destinées à servir de pare-éclats, voire de niveau d'éclatement.
Ce modeste appentis couvre en réalité l'une des quatre issues de secours du fort.
Pour mémoire, rappelons qu'il existe encore dans le cadre de l'ensemble fortifié de Sargans deux autres ouvrages d'artillerie. Les petits ouvrages de A6370 Tamina et A6330 Nussloch (1 x 7,5 cm chacun) complétaient le dispositif au sud depuis la rive gauche. Le premier, niché sur les hauteurs au sud de Bad Ragaz, était le contre-ouvrage de Tschingel tandis que le second, pourvu en outre de deux postes d'observation, couvrait le barrage antichar de la vallée du Rhin à Landquart.
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À suivre...
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