Sommaire
- Batteries d'artillerie
- Batteries de Flak
- Tours observatoires et postes directeurs du tir (PDT)
- Autres observatoires et PDT
- Points d'appui et postes de résistance
- Murs antichars
- Bunkers-PC
- Réseau téléphonique
- Stations radars
- Installations souterraines
- Musées et autres sites à visiter.
Deuxième en superficie après sa grande voisine Jersey, l'île de GUERNESEY s'étend sur 63 km2 #1Jersey a une superficie de 116 km2. et possède la forme d'un triangle rectangle de 10 à 13 km de côté.
C'est également une grande plate-forme, plus élevée au sud (115 m max.) et s'abaissant en pente douce vers le nord. Elle est donc sans grand relief à l'exception de quelques collines et vallons dans sa moitié sud. Seule la côte sud et sud-est est rocheuse et escarpée. La façade ouest et nord-ouest, tournée vers la Manche et l'Atlantique, est une succession de baies et de plages séparées par des pointes rocheuses basses. La seule zone portuaire importante, celle de St-Pierre (St. Peter Port), est située sur la côte est. Guernesey est à 45 km des côtes françaises du Cotentin les plus proches, les caps de la Hague et de Flamanville.
Bien que plus petite de moitié en superficie par rapport à Jersey, Guernesey a reçu entre 1940 et 1945 un nombre au moins équivalent d'installations défensives et fortifiées qui en ont fait l'un des segments du Mur de l'Atlantique les plus solides et les plus puissamment armés.
L'exceptionnelle densité des organisations fortifiées et autres installations militaires établies dans cette île permet d'ailleurs de s'interroger sur le peu l'espace vital qui devait être relégué aux 23 000 habitants restés à Guernesey. Avec une garnison qui a atteint près de 15 000 hommes, on a pu dire qu'il y avait plus d'Allemands au kilomètre carré à Guernesey qu'en Allemagne !
Du fait de sa situation géographique exceptionnelle à la fois centrale et occidentale par rapport à l'ensemble de l'archipel, et aussi en raison de l'objectif des Allemands qui était de verrouiller l'accès au golfe de St-Malo du Cap de La Hague jusqu'à Paimpol, Guernesey a reçu les plus gros calibres d'artillerie côtière, en l'occurrence les 4 pièces de 305 mm de la batterie Mirus qui pouvaient porter à 42 km.
Avec l'implantation à l'époque de...
- 17 batteries d'artillerie côtières totalisant 65 pièces de 100 à 305 mm,
- 31 batteries de Flak,
- 64 Stp (points d'appui) et WN (postes de résistance) comprenant entre autres 36 pièces de 105 mm,
- d'innombrables bunkers de tous types, estimés entre 300 et 400 unités,
- de multiples installations souterraines, etc...
Guernesey offre encore aujourd'hui un thème de visite, d'observation et d'étude incomparable.
Les photos s'agrandissent au clic
Carte non exhaustive des organisations fortifiées allemandes de l'île de GUERNESEY.
On peut remarquer la concentration des batteries d'artillerie côtiere au centre et dans l'ouest de l'île,
ainsi que l'importance des défenses côtieres et anti-aériennes autour du port de St.Peter Port, sur la côte est.
* La direction des flèches n'a qu'une valeur approximative.
*** Les batteries GNEISENAU et SCHARNHORST ont été transférées en août 1944 à Jersey (batteries HAESELER et SCHLIEFFEN).
Il convient toutefois de préciser, comme pour Jersey, que l'urbanisation intense de ce territoire, très prisé des touristes britanniques, a fait disparaître en partie et parfois même en totalité bon nombre de sites et d'ouvrages au cours des 30-40 dernières années. En revanche et inversement, l'exploitation locale du tourisme a parfois permis de sauver et de mettre en valeur des sites et des matériels qui, dans un autre contexte, auraient été voués à l'abandon voire à la disparition.
On peut même espérer que de nouveaux sites seront préservés et s'ouvriront au visiteur dans les années à venir. La CIOS/Guernesey et surtout les dirigeants du German Occupation Museum et du groupe Festung Guernsey s'y emploient.
Disons enfin que, si les recherches et investigations de l'amateur de fortifications du Mur de l'Atlantique n'apparaissent pas aussi évidentes à Guernesey que sur le continent (essentiellement pour des raisons d'orientation et de localisation géographique sur un territoire relativement exigu, morcelé et privatisé), la qualité et l'intérêt de la "découverte" sera au bout de la route.
Le plan du texte que nous proposons ci-après comprendra les chapitres suivants :
- Batteries d'artillerie côtières,
- Batteries de Flak,
- Observatoires et postes de direction du tir (PDT),
- Organisations de défense des rivages (points d'appui et postes de résistance),
- Murs antichars,
- Bunkers-PC,
- Stations radars,
- Réseau téléphonique,
- Installations souterraines,
- Musées et autres sites à visiter.
Batteries d'artillerie
Les Allemands ont installé 17 batteries côtières à Guernesey, la majorité concentrée dans le centre et l'ouest de l'île. Trois batteries relevaient de la marine (MAA 604), neuf de l'armée de Terre (HKAR 1265) et cinq de l'artillerie divisionnaire (319. AR) #2 MAA, Marine Artillerie Abteilung, groupe d'artillerie de la marine, HKAR, Heeres Küsten Artillerie Regiment, régiment d'artillerie côtière de l'armée de terre. .À deux exceptions près (batteries Sperber et Lux) qui possèdent chacune quatre casemates, les pièces étaient toutes placées en plates-formes à ciel ouvert et pouvaient agir sur 360°. Deux batteries (Gneisenau et Scharnhorst) ont été transférées à Jersey en août 1944 au moment de l'avance des forces US dans le Cotentin. Du nord au sud et dans le sens des aiguilles d'une montre, ces 17 batteries étaient comme suit...
- Batterie Steinbruch (MAA 604, St. Sampson's, nord de l'île).
Quatre pièces de 15 cm SK C/28 portant à 24 km et placées en tourelles blindées et sur plates-formes, aujourd'hui disparues. Située sur le pourtour même de la carrière des Vardes (déjà en activité pour le compte des Allemands en 1940-45), il ne reste actuellement (sous réserves) de cette batterie que deux bunkers type Fl 242 avec plate-forme pour 2 cm Flak, un abri à personnel et un bâtiment de logement en béton. Il y resterait également au NE une plate-forme de Flak SK, au SE un abri pour générateur type M 131 et un abri à munitions type M 145.
- Batterie Sperber (8/319. AR, St. Sampson's, côte est).
Quatre pièces de 10 cm le.FH 14/19(t) #3le.FH 14/19(t), leichte Feldhaubitze, obusier léger de campagne modèle 14/19 tchèque.
K = Kanone, SK = Schiffskanone, canon de marine, Mrs = Mörser, obusier moyen.
Origine : (f) = français, (t) = tchèque, (r) = russe. de près de 12 km de portée, placées dans des petites casemates, toutes encore visibles aujourd'hui (seule la casemate la plus au sud n'est pas murée et son entrée non remblayée, se renseigner sur place). À proximité aussi s'ouvre le tunnel Ho. 1.
- Batterie Naumannshöhe (11/HKAR 1265, St. Peter Port).
Quatre pièces de 10,5 cm K331(f), ex-canon français de 105 mm Mle 1913 Schneider, portant à 8 km. L'emplacement de cette batterie qui avait pour mission l'interdiction du port serait toujours visible dans la partie est de Cambridge Park.
- Batterie Georgsfeste (7/319. AR, Fort George, St. Peter Port).
Quatre pièces de 10 cm le.FH 14/19(t) destinées à battre les accès sud au port de St. Peter Port. Il ne reste rien de cette batterie à l'exception d'un bunker-PC au Clos du Belvédère, le seul de ce type à Guernesey.
- Batterie Strassburg (MAA 604, Pointe de Jerbourg, sud-est de l'île).
Quatre pièces de 22 cm K532(f), canon français de 220 mm L Mle 17 Schneider, sur plates-formes en béton, d'une portée de 23 km. De cette importante batterie il reste, disséminés entre les propriétés privées, les cultures et divers lieux publics (colonne mémorial, parking Jerbourg Point, hôtel Jerbourg), un grand nombre d'ouvrages : plates-formes d'artillerie, bunkers à munitions, bunker de commandement M 132, observatoires #4En partie visibles sur Google Earth..
Batterie Strassburg – Tournée d'inspection en 1941 du commandement de la Marine à la batterie Strassburg. Au 1er plan, manœuvres de démonstration sur l'une des quatre pièces de 22 cm K532(f), ex-canon français de 220 L Mle 1917 Schneider. La plate-forme n'a pas encore reçu ses bétonnages définitifs (ECPAD).
Batterie Strassburg - L'un des quatre 22 cm K532(f) peu après la fin de la guerre et avant démantèlement (La Valette Underground Military Museum).
- Batterie Tiger (9/319. AR, St. Andrew, centre-sud de l'île).
Quatre pièce de 10 cm le.FH 14/19(t) portant à 10 km. Position de campagne dont il ne reste rien aujourd'hui.
- Batterie Dollmann (15/HKAR 1265, Pleinmont, Torteval, sud-ouest de l'île).
Quatre pièces de 22 cm K532(f) portant à 23 km. Importante batterie, symétrique de la batterie Strassburg, dont il n'est resté pendant longtemps que peu de choses, le site ayant été entièrement remblayé après guerre. À l'exception, accroché au sommet des pentes qui surplombent les flots, d'un superbe PDT à 3 niveaux du type M 178, désigné M4 dans la nomenclature allemande locale. À partir de 1995 toutefois, à la suite de la récupération à Jersey d'un tube de 220 L Mle 17 Schneider, une initiative locale #5Due au groupement Festung Guernsey a entrepris dès 1997 de "déterrer" et de restaurer une partie des ouvrages dont la plate-forme d'artillerie n° 3. En 2001 le tube de 220 rénové y était réinstallé sur une réplique de l'affût. Accès libre.
Batterie Dollmann – Après être restée pendant longtemps totalement remblayée, la plate-forme n° 3 a été remise au jour et restaurée puis pourvue à nouveau d'une pièce de 22 cm telle qu'à l'époque (Wikimedia Commons).
Batterie Dollmann – Perché au sommet de la côte sud et parfaitement accessible, le poste directeur du tir de la batterie est du type M 178 et possède trois étages.
- Batterie Scharnhorst (13/HKAR 1265, Les Paysans Road, St. Saviour, sud-ouest de l'île).
Quatre pièces de 15 cm K18 Rheinmetall-Borsig de 1938 d'une portée de 25 km maximum, placées sur plates-formes dont deux exemplaires sur quatre sont encore visibles. La batterie a été transférée à Jersey en août 1944. Commencés en 2008, des travaux d'excavation puis de restauration de ces deux emplacements ont été menés à bien depuis par le groupe Festung Guernsey. Ils concernent également des tranchées de communication et des abris à munitions et personnel.
Batterie Scharnhorst – Un petit abri à personnel attenant à l'emplacement d'artillerie sud de ce site arbore l'année de construction et le nom d'une région de Bohème annexée à l'Allemagne.
- Batterie Mirus (MAA 604, Les Rouvets, St. Saviour, sud-ouest de l'île).
Dénommée initialement NINA #6Du nom de l'un des cargos finlandais qui transporta les canons de Bizerte – base française en Tunisie où s'était réfugié le bâtiment en 1921 après la révolution russe – en Norvège où ils furent saisis en 1940 par la Wehrmacht puis reconditionnés chez Krupp. La France avait en effet offert les canons du General Alexeiev (12 x 305 mm, 18 x 13 cm) alors irrécupérable, à la Finlande attaquée par l'URSS. , cette célèbre batterie, l'une des plus puissantes de l'ensemble du Mur de l'Atlantique, reçut le nom de MIRUS en mémoire du Kapitän zur See Rolf Mirus, tué en mer entre Guernesey et Aurigny en novembre 1941 au cours d'une attaque de la R.A.F.
La batterie Mirus était dotée de quatre pièces de 30,5 cm K14(r) de 1911/1914 provenant du cuirassé russe Imperator Aleksandr III, rebaptisé Volya puis General Alexeiev après 1917, qui en comptait au total 12 en 4 tourelles à 3 pièces.
Située dans le triangle formé par la Route du Clos Landais, Frie Baton Road et Les Paysans Road, elle occupe un quadrilatère de 800 mètres de côté dans lequel se dispersent un nombre considérable d'ouvrages et pas des moindres :
- Quatre grands ouvrages de 60 x 35 mètres comportant chacun – à l'époque – une pièce de 30,5 cm sous tourelle blindée, et des locaux de service (galeries d'accès et d'approvisionnement avec voie de 60, soutes à munitions, centrale électrique, locaux de ventilation et de chauffage, logements officiers, sous-officiers et équipage, etc.).
- Trois bunkers à munitions de 23 x 20 mètres du type S 448a, sous une dalle de 2 mètres, avec voie de 60, monorails et système de ventilation.
- Un bunker de commandement de 24 x 22 mètres avec un grand nombre de locaux de logement et de service (sanitaires, ventilation, ...), relié par une galerie bétonnée au poste de direction du tir.
- Le poste de direction du tir du type S 446 modifié, de 20 x 16 mètres sous 2 mètres de béton, comportant une coupole blindée périscopique à l'avant et une tourelle blindée télémétrique de 10 mètres d'envergure.
- Un socle pour radar Würzburg Riese.
- Neuf plates-formes pour 2 cm Flak, monotubes ou quadruples, certaines sur abri à personnel (type Fl 242).
- Des emplacements pour canon de 7,5 cm, mortiers de 5 et 8,1 cm, mitrailleuses, associés à des champs de mines, des barbelés, fossés antichars et autres obstacles assurant la défense rapprochée de la batterie. S'y ajoutaient 5 projecteurs de 60 et 150 cm.
Le document ci-dessus et les photographies d'archives ci-après sont publiées avec l'aimable autorisation de la Royal Court de Guernesey.
Above Batterie Mirus drawing and below historical photos are published by kind permission of the Royal Court of Guernsey.
Opérationnels dès l'été de 1942, les canons de Mirus firent aussitôt leurs premiers tirs d'essai. Par la suite ils ouvrirent fréquemment le feu sur des objectifs alliés venus à portée afin de tâter les défenses de l'île. Non sans incidents comme en juin 1943 quand 3 des 4 pièces furent endommagées lors de tirs et immédiatement remises en état par des spécialistes de Krupp. En 1944 et 1945 et jusqu'à la capitulation du Reich, la batterie Mirus entra en action à maintes reprises #7On a pu lire parfois que les canons de Mirus avaient tiré sur les forces US dans le secteur du Cap de la Hague, ce qui est matériellement impossible en raison de la portée extrême de 42 km des pièces de Mirus, d'ailleurs ramenée à 32 km après les incidents de tir de 1943. Rappelons que le Cap de la Hague est à plus de 50 km de Mirus. IL s'agissait en fait des batteries d'Aurigny (Alderney). Certains auteurs n'ont d'ailleurs pas hésité à situer Mirus à Aurigny... tant pour la protection des convois allemands que pour interdire l'approche de tout bâtiment allié. Après la Libération les canons et tout l'équipement de la batterie subirent hélas le sort de la plupart des ouvrages du Mur de l'Atlantique #8Sauf en Norvège et disparurent en totalité sous les assauts des ferrailleurs en 1947 et 1951 #9Une proposition avait été faite aux autorités de l'île, en particulier par l'Armée britannique, de conserver à titre historique quelques témoins des fortifications et matériels allemands, dont une partie de Mirus. Proposition malheureusement déclinée....
Aujourd'hui survivent les ouvrages bétonnés, entièrement vides, en particulier les emplacements 1 (nord) et 4 (ouest), aisément visitables, les trois bunkers à munitions réutilisés mais bien visibles, le bunker de commandement et le PDT (privés) et quelques emplacements de Flak #10Un emplacement de 2 cm Flak a été restauré par le groupe Festung Guernsey et le PDT S 446 abrite une collection d'armement sous l'égide du groupe Guernsey Armouries. Un projet d'aménagement touristique et de mise en valeur de l'un des emplacements (Nord) est à l'étude depuis bien des années...
Batterie Mirus – Chaque canon avait son propre camouflage en habitation de campagne. Ici l'emplacement n° 1 à l'époque (cette série de photos d'origine allemande est issue du dossier de 1944 "Festung Guernsey", Priaux Library).
Batterie Mirus – Un autre emplacement camouflé à l'identique et dont toute l'édifice pivotait avec le canon (Festung Guernsey).
Batterie Mirus – L'un des canons de 305 et son camouflage. Au second-plan une mitrailleuse de défense antiaérienne (Festung Guernsey).
Batterie Mirus – L'entrée du personnel, également camouflée ici en abri de jardin, à l'ouvrage souterrain desservant l'un des canons (Festung Guernsey).
Batterie Mirus – Ensemble du bloc de culasse de l'un des canons de 305, sa culasse à vis et à mise de feu électrique entrouverte (Festung Guernsey).
Batterie Mirus – Le bloc de culasse des canons porte toujours les marquages d'origine en caractères cyrilliques du cuirassé russe. Remarquer l'année de construction (Festung Guernsey).
Batterie Mirus – Deux vues du fond de la plate-forme de l'un des quatre emplacements, avec le chemin de roulement de la tourelle et l'un des portillons d'accès à la chambre de tir du canon. Sur la droite de l'une des photos, un chariot de transport chargé de deux gargousses (Festung Guernsey).
Batterie Mirus – L'emplacement de la tourelle n° 4 de nos jours, une cuve d'un diamètre intérieur de 25 mètres. Tourelles et canons ont été ferraillés en 1947 et 1951 en dépit d'une offre du gouvernement britannique de conserver au moins l'un des ouvrages avec son canon...
Batterie Mirus – Entre les magasins à munitions du bunker attenant et la tourelle un espace circulaire permet à un chariot sur rails d'acheminer les munitions jusqu'à la tourelle quelle que soit sa position (Festung Guernsey)
Batterie Mirus – De très nombreux sacs à poudre ou gargousses sont stockés dans les magasins à munitions des bunkers attenants aux tourelles. Chaque gargousse contient 80 kg de poudre. (Festung Guernsey).
Batterie Mirus – Dans un magasin voisin sont empilés les obus de 305. Chaque ogive pèse 250 kg (Festung Guernsey).
Batterie Mirus – La salle d'opérations dans le "Leitstand" (bunker de direction du tir) (Festung Guernsey).
Batterie Mirus – Deux artilleurs de la Marine affairés sur un calculateur de tir dans le "Leitstand" (Festung Guernsey).
Batterie Mirus – Toujours dans le "Leitstand", personnel de service à l'œuvre sur un calculateur de correction du tir (Festung Guernsey).
Batterie Mirus – Observation au télémètre de 10 mètres à l'intérieur de sa coupole blindée (Festung Guernsey).
Batterie Mirus – Observation périscopique par la coupole blindée située à l'avant du "Leitstand" S 446 (Festung Guernsey).
Batterie Mirus – Chacun des quatre emplacements de 305 possède dans son bunker attenant une salle des machines comportant trois groupes électrogènes et un surpresseur (Festung Guernsey).
Batterie Mirus – Chaque bunker attenant à l'un des canons possède également des installations de chauffage et de filtrage de l'air aspiré de l'extérieur (Festung Guernsey).
Batterie Mirus – La salle des machines de l'emplacement de 305 n° 1 est ornée de ce motif triomphant qui peut se traduire par " Nous mettons le cap sur l'Angleterre ". D'autres sigles du même ordre restent visibles également dans le bunker n° 1 ainsi que dans le n° 4.
- Batterie Radetzski (16/HKAR 1265, Perelle, St. Saviour, sud-ouest de l'île).
Quatre pièces de 22 K532(f) portant à 23 km. Il ne reste apparemment rien de cette batterie située à quelques centaines de mètres au nord-ouest de Mirus.
- Batterie Lux (ou Luchs) (12/319. AR, Mont Saint, Câtel ou Castel, ouest de l'île).
Quatre pièces 10 cm le.FH 14/19(t) de 10 km de portée, en casemates. Construites dans un petit escarpement qui domine Vazon Bay, ces casemates ont un double intérêt : leur armement et les munitions ne pouvant être installées que par l'avant, leur mur frontal à l'avant du créneau est fait de deux battants en béton pouvant s'ouvrir en pivotant sur des roues. D'autre part, les quatre casemates sont reliées intérieurement par un passage souterrain bétonné long d'une centaine de mètres. Accès par la casemate la plus au sud (sur demande localement).
- Batterie Barbara (10/HKAR 1265, North View, Les Lohiers, Castel, centre-ouest de l'île).
Quatre pièces de 15,5 cm K418(f), initialement canon français de 155 mm GPF portant à 19 km. Il ne reste rien de cette batterie à l'exception, bordant la Rue à Fresnes, d'un curieux bâtiment en béton à usage de PC surmonté d'une petite tour observatoire et, dans le talus de la route, d'une succession de petits abris reliés entre eux.
- Batterie Wolf (10/319. AR, Le Preel, Castel, centre de l'île).
Quatre pièces de 10 cm le.FH 14/19(t). Il ne reste apparemment rien de cette batterie de campagne.
- Batterie Elefant (7/HKAR 1265, La Chaumière, Castel, centre de l'île).
Trois pièces de 21 cm Mrs 18 #11Canon-obusier moyen fabriqué par Krupp en 1939 portant à 16 km. Position de campagne dont il ne reste vraisemblablement rien.
- Batterie Mammut (8/HKAR 1265, Les Effards, Castel, centre de l'île).
Trois pièces de 21 cm Mrs 18. Même remarque que ci-dessus.
- Batterie Rhinozeros (9/HKAR 1265, Beaucamps, Castel, centre de l'île).
Trois pièces de 21 cm Mrs 18. Même remarque que ci-dessus.
- Batterie Gneisenau (14/HKAR 1265, Cobo, Castel, centre-ouest de l'île).
Quatre pièces de 15 cm K18 d'une portée de 25 km, sur plates-formes. Malgré sa dispersion dans le paysage, le site Gneisenau est d'un grand intérêt en raison des ouvrages importants qu'il possède encore aujourd'hui :
- une tour observatoire d'un type unique, surmontée d'une plate-forme de Flak carrée et dont l'intérieur de la colonne sert de réservoir à eau (Rue de la Masse),
- au moins deux plates-formes bétonnées en cuve pour pièce de 15 cm encore accessibles (à 100 m au N de la tour observatoire, entre Rue de la Masse et Ruette des Fries). Un 3e emplacement subsiste côté S de la même rue mais un bungalow qui en épouse la forme est construit dessus ! Ces plates-formes possèdent un étage inférieur avec passage circulaire complet et niches à munitions.
- au moins deux abris à personnel, l'un (Ruette des Fries) avec fresque, ainsi qu'une tour de Flak à l'angle des deux ruelles, à proximité de la Rue de la Masse.
Jusqu'en août 1944 ces 17 batteries alignaient donc un total de 65 pièces d'artillerie, auxquelles il faut ajouter un certain nombre de pièces fixes ou volantes, des canons de 75 français en casemate ou à l'air libre, des 76 russes et surtout 36 pièces de 10,5 cm K331(f), ex-105 français Schneider Mle 1913 #12Dans l'ensemble des îles Anglo-Normandes c'est un total de 91 pièces de 10,5 cm Schneider qui ont été installées, généralement en casemate, mais parfois aussi à l'air libre. , généralement placées en casemate sur les points d'appui côtiers.
Batteries de Flak
Compte tenu de sa superficie, Guernesey était littéralement hérissée de pièces de Flak puisque pas moins de 31 batteries y ont été installées. S'y trouvaient en particulier 6 batteries à 6 pièces de 8,8 cm, 6 batteries de 3,7 cm et une vingtaine de batteries de 2 cm dont bon nombre de pièces quadruples (2 cm Flakvierling 38). La majorité de ces batteries appartenait à la Luftwaffe mais il faut y ajouter un grand nombre d'autres pièces de 2 cm et 3,7 cm relevant du Heer (armée de Terre) et de la Marine, et destinées à la défense antiaérienne des batteries d'artillerie, du port, de l'aérodrome et de la station de radars de Fort George #13Pour mémoire rappelons l'existence en outre des Artillerieträger de la Marine, sortes de péniches de 50 x 7 m, armées de 2 x 8,8 cm, 2 x 2,7 cm, 8 x 2 cm, 1 x 1,5 cm. Leur mission était la protection des convois et des ports..
En dépit de cette abondance, il reste aujourd'hui peu de sites témoins de cette Flak. Parmi les emplacements encore visibles signalons :
- Une plate-forme sur bunker-abri au NE de la carrière Ronez à Les Vardes (St. Sampson), ainsi qu'une 2e au SO (privée), sur le site de la batterie Steinbruch.
- Trois plates-formes pour 8,8 cm sur bunker-abri type L 401 au milieu du terrain de golf de L'Ancresse Common (Batterie Dolmen, 6 pièces à l'époque, aujourd'hui terrain de golf), les autres ouvrages de cette batterie ayant été remblayés.
- À l'est de L'Ancresse Bay, à La Grande Hougue, au sud de Fort Le Marchand, deux bunkers avec abri et plate-forme pour 2 cm type Fl 242. À proximité, camouflé par des pierres de taille, murs et plate-forme radar et, en contrebas, l'abri des installations correspondantes (Fmg2, Freya).
- Plusieurs plates-formes 2 cm peuvent être vues sur la périphérie de la batterie Mirus (Vieille Rue, Ruette Felconte, Rue du Lorier, Rue des Cinq Verges).
- Sur la côte sud-ouest, dans l'angle Route des Laurens / Rue du Coemil, subsistent plusieurs plates-formes de 8,8 cm de la batterie Rabenstein.
À St. Peter Port, une visite de Castle Cornet, vieille forteresse à laquelle les Allemands ont ajouté nombre de bunkers et de plates-formes de Flak, permettra d'y reconnaître quatre plates-formes pour 3,7 cm et deux autres pour 2 cm.
Un nombre considérable d'avions alliés ont été abattus ou touchés par cette Flak, essentiellement en 1944 et 1945.
Batterie de Flak de 3,7 cm sur la pointe de Les Terres, au sud de St. Peter Port. On remarque sur cette photo trois plates-formes de Flak et plusieurs soutes et abris protégés par des merlons de terre. Sur la gauche et au 1er plan un poste de guet et un autre de Flak légère et/ou de défense rapprochée. Une voie de 60 relie certains ouvrages entre eux. Occupant à l'époque le site de l'ancienne Clarence Battery, il ne reste rien aujourd'hui des constructions allemandes (Festung Guernsey).
Plusieurs emplacements L 401 et bunkers de la batterie de Flak lourde "Dolmen" (8,8 cm) demeurent visibles à L'Ancresse Common, au nord de l'île
(terrain de golf accessible avec précaution).
Observatoires et PDT
De tous les ouvrages qui ont survécu aux années à Guernesey, les tours observatoires et PDT restent les plus spectaculaires et les plus accessibles. Elles jalonnent les points les plus élevés du rivage et des hauteurs proches. Comme à Jersey, les Allemands avaient projeté l'édification sur les côtes d'une succession de tours MP (Marine Peilstand und Messtelle) à plusieurs niveaux, chaque étage étant en communication avec une batterie.
Des 8 tours MP projetées, cinq ont été effectivement réalisées. Deux ont été construites intégralement selon le plan type (MP 1 et 3), une autre (MP 4) a été construite selon un plan propre unique, deux autres enfin (MP 2 et 5) ont été adaptées par-dessus une tour Martello et un ancien moulin à vent. Les trois autres (MP 5, initialement prévue à la Prévôté, St. Peter, MP 6 et 7) n'ont pas été construites. Néanmoins quelques autres types d'observatoires ont pallié cette absence.
- MP 1
À Chouet Point, nord de l'île. Magnifique tour à 8 étages dont 5 d'observation et de télémétrie, et une plate-forme de Flak légère en toiture. Edifiée en bordure même d'une vaste carrière toujours en activité, cette tour risquait à tout moment de basculer dans le vide, ce qui s'est finalement produit en 1990. Un PDT construit dans un premier temps au pied de la tour s'était déjà effondré au fond de la carrière une dizaine d'années auparavant. - MP 2
À Fort Saumarez, L'Erée, côte ouest. Tour à 4 niveaux d'observation et de télémétrie, édifiée par-dessus une tour Martello du 19e siècle, au centre de l'important point d'appui Langenberg dont il sera question plus loin. L'accès à la tour se fait par un court tunnel. - MP 3
À Pleinmont Point, extrémité sud-ouest de l'île. Superbe ouvrage possédant 7 niveaux, un rez-de-chaussée avec entrée, 5 niveaux d'observation et de télémétrie, une plate-forme avec Flak légère. Cette tour a été restaurée par la CIOS/Guernesey qui en était locataire. Elle a été rachetée dans les années 1980 par Richard Heaume, le directeur du German Occupation Museum, et rouverte aux visiteurs depuis 1993. Elle est normalement visitable le dimanche après-midi durant les mois d'été. À son pied, un petit bâtiment en béton devait servir au logement du personnel. - MP 4
À L'Angle, Torteval, côte sud-ouest. Certainement l'ouvrage le plus emblématique de l'île, l'observatoire et PDT MP 4 possède un plan inhabituel et absolument unique sur le Mur de l'Atlantique. Plutôt qu'une tour cylindrique, les architectes de l'O.T. ont édifié ici un grand bunker en trois parties : un bloc d'entrée, une tour polygonale à 5 niveaux dont trois d'observation et télémétrie, une avancée basse à deux niveaux d'observation et télémétrie. La plate-forme de toiture supportait un radar Freya. - MP 5
À Vale Mill, nord-est de l'île. C'est un ancien moulin à vent, juché sur le point le plus élevé du nord de l'île, auquel ont été ajoutés à son sommet trois étages d'observation et de télémétrie habilement camouflés par une finition en pierre de taille identique au moulin. Une fausse toiture achevait le maquillage de l'ensemble. Par mesure de sécurité cette toiture en bois et le dernier niveau ont été supprimés depuis l'après guerre.
La tour observatoire et PDT MP1 de Chouet Point n'existe plus aujourd'hui. Elle s'est écroulée en 1990 dans le fond de la carrière sur la lèvre de laquelle elle demeurait en équilibre précaire. Un précédant PDT construit au pied de la tour s'était déjà effondré au fond de la carrière une dizaine d'années auparavant.
La tour d'observation et de direction du tir MP2 de Fort Saumarez, construite par-dessus une tour Martello du 19e siècle, couronne le point d'appui Langenberg.
La tour MP3 de Pleinmont est un superbe ouvrage à 7 étages, restauré dès les années 1980 et régulièrement ouvert aux visiteurs.
L'emblématique bunker observatoire MP4 dresse toujours sa silhouette unique sur la crête des rivages sud-ouest de l'île. L'une des vues réunit MP4 et, au loin, M4, le PDT de la batterie Dollmann.
La tour d'observation MP5 est un ancien moulin à vent situé à Vale Mill et auquel les Allemands ont ajouté trois étages dont deux bétonnés et recouverts d'un parement en granit. Le 3e étage réalisé en bois était surmonté d'une toiture de camouflage. L'un et l'autre ont été démontés depuis longtemps.
Autres observatoires et PDT
Parmi les autres postes d'observation aisément accessibles il faut citer :
- Le Guet
Sud de Cobo Bay, côte ouest. Observatoire de campagne soigneusement intégré à un ancien poste de guet des 18e-19e siècles en pierre de taille et à deux étages. - Tour Gneisenau
Rue de la Masse, Castel, 1,6 km au sud de Cobo Bay (v. aussi sous Batterie Gneisenau). Etonnante tour d'une quinzaine de mètres de hauteur, appartenant à la Batterie Gneisenau et d'un modèle unique. Elle est en effet surmontée, au-dessus de l'étage d'observation, d'une plate-forme de Flak – aujourd'hui hérissée d'antennes – et servait également de château d'eau. - M4
L'Angle, Torteval, côte sud-ouest. Magnifique PDT du type M 178 de la batterie Dollmann (v. photo sous ce nom). - M5
La Prévôté, La Corbière, St. Peter, côte sud. Curieuse tour cylindro-conique, unique en son genre, délibérément construite selon l'apparence d'une tour Martello de la période napoléonienne. À l'origine le béton était d'ailleurs entièrement recouvert de pierre de taille en granit bleu-noir comme en atteste encore l'escalier d'accès. Elle ne comporte que deux niveaux d'observation et les habituels créneaux de défense rapprochée sont ici remplacés par de grandes fenêtres ! - Jerbourg Point
Pointe sud-est de l'île. Les alentours sud de la batterie Strassburg surplombant la mer recèlent trois petits observatoires, MF1 à l'est, M6 et MF2 au sud.
Le Guet – Observatoire de campagne de la côte ouest soigneusement intégré à un ancien poste de guet des 18e-19e siècles en pierre de taille et à deux étages.
Vues frontale et latérale de l'étonnante tour appartenant à la batterie Gneisenau. Elle est surmontée, au-dessus de l'étage d'observation et de direction du tir, d'une plate-forme de Flak et servait également de château d'eau.
La curieuse et inhabituelle tour de La Prévôté, sur la côte sud, s'inspire des tours Martello de la période napoléonienne. À l'origine le béton était d'ailleurs entièrement revêtu de pierre de taille en granit bleu-noir comme en atteste toujours l'escalier d'accès.
Points d'appui et postes de résistance
Parmi les autres postes d'observation aisément accessibles il faut citer :
Guernesey possède plus de 60 km de rivages. L'importance des défenses côtières ayant bien entendu été en rapport avec le nombre et l'importance des installations militaires stratégiques de l'île, le moins qu'on puisse dire est que ces défenses des rivages n'ont de loin pas été négligées !
À l'exception des côtes sud et sud-est, rocheuses et escarpées, Guernesey est essentiellement bordée de côtes basses ourlées de criques et de baies formant de belles plages de sable séparées par des caps rocheux. Cet aspect est typique des rivages ouest, de Pleinmont à L'Ancresse, et est, de Fort Doyle au nord à St. Peter Port.
La côte ouest, la plus exposée, a donc fait l'objet d'une organisation de défense côtière très sérieuse et chaque pointe rocheuse, souvent déjà occupée antérieurement par un ancien fort ou fortin, a été dotée d'un Stützpunkt (point d'appui) solide à base de casemates de 4,7 ou 10,5 cm. Entre ces Stp s'égrène une trentaine de Widerstandsnester (littéralement nids de résistance). Au total, les côtes de Guernesey étaient défendues par 11 points d'appui et 53 postes de résistance.
Les plus caractérisés peuvent être vus à :
- Fort Saumarez (Stp Langenberg), côte ouest.
Il possède au pied de la tour MP 2 et sur la périphérie de la pointe trois casemates de 10,5 cm type Jäger, deux casemates de 4,7 cm, deux abris à projecteur, un bunker R 633 pour lance-grenades de 5 cm M19, un abri pour canon antichar de 5 cm au sommet et des tobrouks. - Fort Richmond (Stp Reichenberg), côte ouest.
Trois casemates de 10,5 cm, un bunker à cloche 6 Schartenturm. - Fort Hommet (Stp Rotenstein), côte ouest.
À l'instar du Stp Langenberg, cette autre petite péninsule a également été organisée telle une véritable forteresse. On y trouve 4 casemates Jäger de 10,5 cm, une casemate de 4,7 cm, deux abris à projecteur de 60 cm type 606, deux abris à personnel, un bunker pour lance-grenades M19 (restauré et l'arme reconstituée) et un bunker à cloche 6-Sch. à l'avant de la pointe, ainsi que des tobrouks. L'une des casemates de 10,5 cm a été entièrement restaurée et rééquipée du canon de 10,5 cm K331(f) transféré de Le Fret Point à Jersey. Elle est ouverte aux visiteurs à certaines dates. - Grandes Rocques (Stp Grossfels), côte ouest.
Même schéma que précédemment avec deux casemates de 10,5 cm, un bunker R 633 (?) pour lance-grenades M19 (seulement 4 exemplaires à Guernesey), une casemate de 4,7 cm, un abri pour projecteur de 60 cm, un emplacement de mortier de 8 cm, deux abris. L'ancien fort lui-même a été renforcé (postes de mitrailleuse, abri troupe). - Grand Havre, côte nord-ouest.
Un dispositif analogue se retrouve de part et d'autre de la baie de Grand Havre, soit : casemate de 10,5 cm au sud, deux casemates et un emplacement ouvert de 10,5 cm au nord ainsi qu'un bunker pour M19, un bunker à cloche 6-Sch. (Stp Krähennest).
Fort Saumarez – Vue d'ensemble du flanc nord du point d'appui "Langenberg" coiffé par la tour MP2. Ce "Stützpunkt" possède un grand nombre d'ouvrages dont trois casemates de 105, deux de 4,7 cm antichar, un bunker R 633 pour lance-bombes M19, des projecteurs, etc. Sur cette photo se voient l'une des casemates de 105 et, au pied de la tour, un abri pour projecteur de 60 cm. Sur la gauche, la végétation cache l'une des casemates de 4,7 cm.
Au petit fort Hommet avec sa tour Martello du 19e siècle les Allemands ont ajouté, en le désignant Stp Rotenstein, nombre d'ouvrages parmi lesquels cet abri R 606 pour projecteur de 60 cm, côté sud. Un abri identique a été édifié côté nord du fortin.
Fort Hommet – Sur le rivage nord de la petite péninsule locale ont été incrustées deux casemates pour pièce de 10,5 cm. Deux autres casemates du même type existent sur le rivage sud. Il ne reste que quelques vestiges du camouflage – du grillage enduit de ciment – dont était recouvert le béton. On voit bien aussi le 2e abri R 606 pour projecteur de 60 cm (Wikimedia Commons).
Fort Hommet – Entrée de la casemate de 10,5 cm restaurée par la CIOS et ouverte aux visiteurs (Wikimedia Commons).
Fort Hommet – L'embrasure de la casemate restaurée et son canon de 10,5 cm K331(f) – ex-canon de 105 Mle 13 Schneider – transféré de Jersey (Pointe Le Fret) en 1988 (Wikipedia)).
La côte est, maintenant très urbanisée, a été nettement moins fortifiée et de plus une grande partie des constructions a aujourd'hui disparu. On en retrouve cependant ça et là quelques traces, entre autres dans la zone portuaire de St. Peter Port (sous réserves compte tenu de la situation qui peut évoluer) :
- bunker 4,7 cm à l'extrémité de l'Albert Pier,
- deux bunkers pour 7,5 cm (ex-75 français) sous le Yacht-Club à la Castle Pier, ainsi que quelques autres bunkers et emplacements,
- blockhaus de commande des mines de l'entrée du port, à l'angle nord de Castle Cornet.
Même la Bréhon Tower, redoute construite de 1854 à 1856 sur un îlot à 4 km au NE du port, a reçu une pièce de 10,5 cm ainsi que deux affûts quadruples 2 cm Flakvierlinge.
De nombreuses tourelles de chars déclassés renforçaient les points d'appui côtiers. Ici une tourelle de char Renault FT17 à plaques rivetées et à canon de 3,7 cm (37 mm SA Mle 18) ajoutait ses feux à ceux de divers autres organes du WN (Widerstandsnest, poste de résistance) Houmet, au nord de l'île. Au fond, la carrière de Les Vardes sur la crête de laquelle se profilent les ouvrages de la batterie Steinbruch (Festung Guernsey).
Cette petite habitation est en fait, soigneusement camouflée, une casemate abritant un canon de 10,5 cm du WN Houmet. Elle existe toujours mais sans canon ni camouflage ! (Festung Guernsey).
À peine décelable sous son camouflage en 1944, cette casemate armée d'une pièce de 10,5 cm défendait la grève de Soldiers Bay, à peu de distance au sud de St. Peter Port (Festung Guernsey).
Les Allemands ont évidemment tiré parti de la présence à l'entrée du port de St. Peter Port du fort de Castle Cornet converti en point d'appui Hafenschloss. Il a été pourvu de nombre d'emplacements de Flak, mortiers et mitrailleuses ainsi que, au 1er plan à droite, du blockhaus de commande des mines de l'entrée du port.
Murs antichars
Les Panzermauer n'ont pas à Guernesey le développement de ceux de Jersey. Les Allemands avaient projeté d'en construire une douzaine mais quatre PzM seulement ont été édifiés ou ébauchés, à L'Ancresse Bay, Albecq, L'Erée et Rocquaine Bay. En raison des hauts fonds rocheux extrêmement dangereux qui précèdent toute la côte ouest, l'édification de ces murs antichars n'a pas paru prioritaire à l'O.T.
Les deux PzM les plus visibles aujourd'hui sont ceux-ci :
- PzM 2
L'Ancresse Bay, nord de l'île. Mur long d'un kilomètre et flanqué de deux casemates de 4,7 cm Pak36. - PzM 12
Rocquaine Bay, au sud-ouest, à 600 m au NE de Fort Grey. Section longue de 200 mètres et haute de 7 mètres, battue par deux créneaux de 4,7 cm Pak36 en "caponnière" intégrés dans le mur et par une 6-Schartenturm centrale (ferraillée mais toujours visible). Avec un bunker-abri pour personnel, cet ensemble constituait le WN Grüne Düne.
En bordure de Rocquaine Bay le PzM 12 est l'un des rares murs antichars de Guernesey. Au fond, l'un des deux créneaux de 4,7 cm Pak 36 "en caponnière" qui flanquaient le mur. Sur la gauche, un curieux créneau observatoire et MG protégé par un orillon de béton.
Bunkers-PC
En plus des PC des différentes unités d'artillerie, d'infanterie, de l'aviation et de la marine stationnées à Guernesey, l'île était le siège du commandement de la Marine et le commandement en chef terrestre pour l'ensemble de l'archipel.
De grands bunkers-abris, souvent à deux étages, parfois adjoints d'un bunker-usine, ont donc été construits, principalement dans la périphérie de St. Peter Port. Ils existent presque tous encore aujourd'hui (quand leur accès n'est pas remblayé...) et, selon le cas et sous certaines conditions, peuvent être visités. Ils ont généralement échappé au ferraillage et possèdent parfois encore des équipements tels que portes blindées, ventilation filtrée, circuits électriques, chauffage, sanitaires, consignes peintes sur les murs, etc...
Du nord au sud, ce sont, parmi les ouvrages encore visibles ou visitables :
- PC du 584.IR, 319.AR
Cambridge Park, à proximité du Beau Séjour Centre, St. Peter Port nord. Bunker enterré à deux étages, occupé par une troupe de scouts et visitable sur rendez-vous. - Bunkers du SeeKo-Ki et MNo
St. Jacques, St. Peter Port nord-ouest. Situé dans l'enceinte de l'hôtel La Collinette qui a même construit une annexe sur les bunkers, cet ensemble d'ouvrages importants abritait le commandement en chef de la Marine (See-Kommando Kanalinseln) et les transmissions de la Marine (Marine Nachrichten Offizier) pour les îles. Ces deux bunkers, des types M 172 et V 189, sont reliés par un couloir bétonné. À quelques mètres au SO existait un 3e bunker avec groupes électrogènes mais il est aujourd'hui enterré sous une pelouse. Les deux premiers ont été restaurés par la CIOS et sont ouverts au public. - Bunkers du Festungs-Kommandant, des 319.AR, HKAR 1265 et des transmissions
Les Quatre Vents, La Corbinerie, St. Martin, au sud-ouest de St. Peter Port. Ensemble de quatre bunkers abritant les PC du commandement en chef des îles, du 319.AR, du HKAR 1265 et des transmissions. Les deux premiers sont reliés et ont deux étages (type R 609 SK). Privés mais certains peuvent être visités sur demande.
Les autres bunkers-PC (583.IR, MAA 604, Flak) existent toujours mais sont peu ou pas accessibles.
Les entrées du grand bunker du commandement et des transmissions de la Marine à St. Jacques, St. Peter Port, avant sa restauration et son ouverture au public. Presque totalement enterré, il s'inscrit dans un quadrilatère de 40 x 30 mètres.
Réseau téléphonique
Un réseau téléphonique dense, aux normes de forteresse, parcourt l'île et relie batteries d'artillerie et de Flak, observatoires, points d'appui, etc. aux différents PC. Il est constitué d'un câble principal, enterré à 2 mètres dans le sol, qui traverse l'île du SO au NE en suivant son axe médian et sur lequel se greffent une dizaine de branches secondaires.
Ce réseau est jalonné par quatre bunkers d'interconnexion du type R 617 et une vingtaine de chambres de coupure (semblables à celles de la Ligne Maginot) où s'effectuait le branchement des lignes de campagne. Trois de ces bunkers sont encore visibles aujourd'hui, le plus intéressant et le mieux conservé étant situé au SO de l'île, sur la péninsule de Pleinmont (Torteval) #14Se renseigner auprès de la CIOS ou au German Occupation Museum. .
Ce type de bunker, type R 617 et désigné ici NZ.Q, comporte deux parties séparées et donc deux entrées :
- un secteur principal avec disposition classique d'entrée (sas, caponnière, portes blindées étanches) puis chambre de repos pour 8 hommes et deux chambres pour les équipements téléphoniques,
- un secteur groupe électrogène et batteries, en deux chambres.
Une bonne partie de ces équipements est toujours en place et même en si bon état qu'ils ont été pendant longtemps utilisés par les services téléphoniques civils de l'île !
Situé sur la péninsule de Pleinmont, ce bunker désigné NZ.Q est l'un des postes d'interconnexion téléphonique les mieux préservés et en partie toujours équipé d'origine.
Stations radars
La Marine et la Luftwaffe ont installé à Guernesey au moins 10 radars dont 6 de type Freya et 3 du type Würzburg Riese. La principale station de radars, aujourd'hui disparue, était implantée à Fort George, au sud de St. Peter Port, et comprenait deux Freya et deux Würzburg Riese. Elle dépendait de la Luftwaffe.
Les autres installations se répartissent sur les côtes ouest et nord, et à la batterie Mirus :
- Batterie de Flak Dolmen, à L'Ancresse, un Freya,
- sur le PDT MP4 à L'Angle, un Freya, Marine,
- station radar de Pleinmont, un Freya, Marine,
- station radar de Grande Hougue, un Freya, Marine,
- Batterie Mirus, un Würzburg Riese, Marine.
La principale station radar de l'île était installée à Fort George, au sud de St. Peter Port, et possédait quatre radars, deux Freya et deux Würzburg Riese. Il n'en reste rien de visible de nos jours (Festung Guernsey).
Installations souterraines
Comme à Jersey, les Allemands ont foré à Guernesey un certain nombre de '"tunnels" et réalisé des ouvrages souterrains destinés à servir de dépôts de munitions, de matériels, de carburant, et d'hôpital souterrain selon la circonstances.
Une trentaine de ces souterrains était en projet et la plupart ont certainement été au moins ébauchés mais, selon les renseignements recueillis, il semble qu'une dizaine seulement aient été effectivement réalisés et utilisables. Trois de ces installations sont aujourd'hui ouvertes aux visiteurs et, parmi les autres, certaines sont parfois visitables sous l'égide de la CIOS. Citons...
- Ho.1
Delancey Park, en contrebas de la batterie Sperber, côte nord-est. Devait servir de dépôt de carburant. Fermé mais serait en partie visitable. Ouvrage inachevé possédant trois entrées dont une inaccessible aujourd'hui. Une partie de l'ouvrage est éboulée et du matériel allemand se trouverait encore derrière l'obstruction. - Ho.2
Le Bouet, St. Peter Port nord. Important souterrain bétonné à trois entrées, prévu pour être un dépôt de rations alimentaires. Sujet à des éboulements. - Ho.3
Le Havelet, Les Terres, St. Peter Port. Magasin de fournitures pour la marine, en grande partie bétonné mais une branche inachevée est obstruée par un effondrement. - Ho.4
Havelet Bay, La Valette, St. Peter Port. Aujourd'hui c'est le La Valette Underground Military Museum où sont exposés des armes et effets allemands et britanniques. À l'époque cet ouvrage était prévu pour le stockage de carburant pour sous-marins et possédait quatre grandes citernes de 120 000 litres chacune dont une est encore en place. À la Libération elles furent trouvées pratiquement pleines ! Les trois cuves absentes ont été récupérées à la Libération afin de servir au chauffage des serres maraîchères et horticoles de l'île. Quand à la 4e, un effondrement de la falaise au niveau de l'entrée de l'alvéole empêcha sa récupération. Dans son état actuel l'ouvrage comporte deux accès, 5 alvéoles dont une inachevée et une occupée par la citerne d'origine, et un couloir interne de liaison, perpendiculaire aux alvéoles. - Ho.8
Havelet Bay, La Valette, St. Peter Port. Ancien tunnel en maçonnerie permettant l'accès à Soldiers Bay auquel les Allemands ont ajouté des alvéoles de stockage de munitions. Longtemps occupé par un aquarium ouvert au public mais définitivement fermé en 2020. Une casemate de 10,5 cm se dressait à l'époque près de l'entrée nord, une autre, à l'entrée sud, existerait toujours. - Ho.5-33-34
Havilland Road, St. Martin. Important ensemble inachevé de galeries souterraines, encore mal connues, dont les entrées sont murées à l'exception de Ho.5 à l'entrée inondée. Aurait servi de dépôt de matériel, de munitions et/ou d'abri à personnel. Toutes les entrées sont aujourd'hui sur des propriétés privées et inaccessibles. - Ho.7-40
La Vassalerie Road, St. Andrew. Vaste complexe souterrain de plus de 1000 mètres de galeries (2 km selon certaines sources) en béton et en briques dont la construction a été marquée par plusieurs accidents graves (au moins 23 morts dont au minimum 6 Français) et qui a servi de dépôt de munitions (Ho.7) et d'hôpital souterrain (Ho.40). Aujourd'hui ouvert aux visiteurs sous l'enseigne de German Underground Hospital. Bien qu'en partie encore équipé "d'époque" (chauffage, ventilation, lits), une absence presque totale d'entretien et une humidité importante auront bientôt raison de ces reliques. Le site mérite toutefois largement une visite, si lugubre soit-elle.
L'entrée principale du système souterrain Ho.7-Ho.40, de nos jours.
- Ho.12
Sous l'Eglise, St. Saviour. Ensemble de galeries et d'alvéoles étendus sur 400 mètres, en partie bétonnés, avec deux entrées, prévus comme dépôt de vivres, fournitures et matériels mais converti en dépôt de munitions. Un important matériel, parmi lequel deux chars Renault B1bis, y fut accumulé après la Libération puis en partie récupéré en tant que ferraille pour les hauts fourneaux anglais. Il en resta suffisamment pour faire le bonheur de bien des collectionneurs locaux. Une partie du souterrain est restée ouverte au public pendant une vingtaine d'années à partir de 1980 sous l'enseigne de St. Saviour's Tunnel – Hohlgang 12 Munition puis a été fermé et mis en vente. - Ho.14
Route des Talbots, St. Andrew. Tunnel bétonné devant servir de dépôt de munitions. En raison d'un terrain friable et sujet aux éboulements seules les entrées ont été construites. Privé. - Ho.31
Chouet, Vale, côte nord. Souterrain reliant deux casemates de 10,5 cm et un bunker pour M19 du point d'appui Krähennest. Abritait aussi un générateur. Remblayé et inaccessible aujourd'hui. - Ho.32
Fort Saumarez, L'Erée, côte ouest. Petit souterrain du Stp Langenberg abritant des générateurs et relié à la tour MP 2. Privé. - Ho.36
Colborne Road, St. Peter Port. Abri à personnel. Peu de détails sont connus sur ce site.
Quelques autres abris souterrains ont été construits et plus ou moins achevés autour de Fort George (St. Peter Port sud) et au Vimera College (centre de l'île) mais ne sont plus accessibles.
Musées et autres sites à visiter
En incluant sous ce terme les sites et ouvrages restaurés et entretenus par la CIOS ou d'autres associations ou organismes, on peut visiter, d'ouest en est :
- Tour MP 3
À Pleinmont Point, extrémité sud-ouest de l'île (voir sous Observatoires et PDT). - Batterie Dollmann
À L'Angle, Pleinmont, Torteval, sud-ouest de l'île (voir sous Batteries d'Artillerie et sous Observatoires et PDT). - Bunker observatoire MP 4
À L'Angle, Torteval, côte sud-ouest (voir sous Observatoires et PDT). Non aménagé. - Souterrain Ho.1
Sous l'Eglise, St. Saviour, si accessible... (voir sous Installations souterraines). - Point d'appui Fort Hommet / Stp Rotenstein
Côte ouest (voir sous Points d'appui et postes de résistance). - German Occupation Museum
À Les Houards, Forest, au sud de l'aéroport. Belle collection de matériels et armements allemands, reconstitution de rues et de l'ambiance de l'époque à Guernesey. À ne pas manquer. - German Underground Hospital
À La Vassalerie, St. Andrew, centre sud (voir sous Installations souterraines, Ho.7-40). - Quartier général de la Marine dans les îles
À St. Jacques, St. Peter Port nord-ouest (voir sous Bunkers-PC, Bunkers SeeKo-Ki et MNO). - La Valette Underground Military Museum
À La Valette, St. Peter Port sud (voir sous Installations souterraines, Ho.4). - Castle Cornet
À l'entrée du port de St. Peter Port. Ancienne forteresse renforcée par les Allemands.
Parmi les sites et ouvrages non aménagés, parfois accessibles seulement avec autorisation du propriétaire, signalons :
- les emplacements 1 et 4 de la batterie Mirus,
- les tours observatoires M4 (Batt. Dollmann) et M5 La Prévôté,
- la tour observatoire Gneisenau et les emplacements d'artillerie encore visibles,
- la tour observatoire MP 5 Vale Mill,
- le point d'appui Stp Langenberg / Fort Saumarez,
- les murs antichars PzM 2 L'Ancresse et PzM 12 Rocquaine Bay,
- le bunker téléphonique à Pleinmont, Torteval,
- le site de la batterie Strassburg sur la pointe de Jerbourg,
- les plates-formes et ouvrages de la Flak à L'Ancresse Common et Grande Hougue,
- le poste d'observation Le Guet à Cobo Bay
- le PC de la batterie Barbara.
Cette tourelle de char Renault FT17, équipée d'une mitrailleuse de 7,5 mm, comme il en existait de nombreux exemplaires dans les îles, est préservée au German Occupation Museum.
Parmi les pièces rares du German Occupation Museum figure ce canon antichar de 75 mm Pak 40 en parfait état. On y trouvera aussi un 88 mm Flak 36, un 88 mm Flak 41, un 10,5 cm K331(f), et bien d'autres...
L'un des clous du musée, en matière de fortification, est la reconstitution très soignée d'une casemate antichar – ayant réellement existé à St. Peter Port – avec son canon de 4,7 cm Pak 36(t) Skoda et sa mitrailleuse MG 37(t), matériels d'origine tchèque très répandus à l'époque d'un bout à l'autre du Mur de l'Atlantique.
Chapitres suivants :